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DEATH NOTE

Un film de Adam Wingard

Liberté de tuer, j’écris ton nom…

Un étudiant, Light Turner, se retrouve en possession d’un intrigant cahier intitulé « Death Note », qui indique que son propriétaire a la possibilité de provoquer la mort de n’importe qui en écrivant le nom de la victime souhaitée. Apparaît bientôt Riyuk, un être maléfique qui exauce les vœux indiqués dans le cahier. D’abord apeuré, Light Turner se laisse finalement tenter…

Sortie sur Netflix le 25 août 2017

La mise en œuvre de "Death Note", adaptation américaine du manga du même nom, a été plutôt fastidieuse : on a entendu parler d’un tel projet dès 2007, Warner Bros s’y est attelé à partir de 2009 et a fini par abandonner en 2016, Netflix prenant alors le relais de la production. Ceci explique peut-être ce résultat décousu voire chaotique.

Les différents producteurs, réalisateurs et scénaristes qui ont accouché de ce film ne semblent pas avoir été en mesure de déterminer un style cohérent, ni de se fixer sur quelques genres cinématographiques dominants. Cela commence comme un teen movie classique, où les bases du personnage principal et de sa future dulcinée sont exposées à la manière d’un clip, puis on s’oriente vers une sorte de film d’épouvante dont on n’arrive pas à cerner le ton (plutôt flippant à la Stephen King ou plutôt décalé à la Tim Burton ?), et c’est ensuite un gloubi-boulga de drame familial, de romance adolescente, de film de super-héros, de thriller, de film policier, de film d’action… Avec un tel mélange, il ne manque plus que quelques chorégraphies pour se retrouver à Bollywood !

L’ambition était sans doute trop élevée pour un film d’1h40, certains aspects étant expédiés en quelques minutes (notamment le passage où le couple adolescent s’invente un alter ego quasi divin pour faire régner la justice), au point de bâcler la présentation de certains personnages-clés (l’introduction du mystérieux inspecteur L et de son protecteur/assistant Watari est un vaste échec !) ou d’en proposer d’autres qui manquent cruellement de charisme (le père du héros, policier à la coiffure rétro qui ne parvient jamais à imposer une présence crédible).

Si le tout peut être haletant, le scénario accumule les idées aberrantes et les grosses ficelles – citons en vrac : la pom-pom girl qui est follement amoureuse de l’intello mais qui le méprise ça et là pour son manque de courage ; l’école secrète qui forme des orphelins surdoués à devenir des inspecteurs de génie ; la liberté d’action que la police et le FBI accordent si facilement à un jeune inspecteur masqué ; le rendez-vous d’urgence fixé à la grande roue (mais pourquoi ?!)…

Dans tout cela, on a aussi le droit à de bien lourdes réflexions (explicites ou métaphoriques) sur le bien et le mal qui sont si durs à démêler l’un de l’autre, sur la justice, sur l’adolescence, sur la religion, etc.

On ne dévoilera évidemment pas la fin, mais on peut tout de même indiquer qu’elle est en queue-de-poisson, signe d’un projet de suite qui ne verra peut-être jamais le jour, ce qui attribuerait donc pour de bon une fin foirée à cet opus raté – ce qui, pour le coup, serait cohérent !

Pour finir, on soulignera néanmoins l’honnête prestation de Nat Wolff ("La Face cachée de Margo", "Nos étoiles contraires"…) et la participation plutôt enthousiasmante de Willem Dafoe dans le rôle de Riyuk, qui reste malheureusement sous-exploité.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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