DEADPOOL ET WOLVERINE

Un film de Shawn Levy

Marvel by Fox, la dernière danse

Deadpool décide de postuler aux Avengers mais est recalé lors de l’entretien. Il est alors amené au TVA (Time Variance Authority) qui lui indique qu’ils ont une mission pour lui : sauver le multivers, ce qui implique de laisser mourir son monde qui est de toute façon voué à sa perte depuis la mort de Wolverine. Se refusant à perdre ses amis, il décide alors de sauver son univers en essayant de convaincre l’un des nombreux Wolverine du Multivers de le rejoindre dans sa mission…

Le super-héros méta Deadpool est enfin de retour sur grand écran pour sa première aventure dans le giron de la souris aux grandes oreilles. Et avec son entrée officielle au sein du MCU (Marvel Cinematic Universe) l’aspect méta - marque de fabrique des deux précédents épisodes - est poussé à son maximum, ne cessant notamment d’envoyer des piques à Disney, à Marvel et parfois à la Fox. On ne peut donc bouder notre plaisir sur le fait que Disney n’ait pas tenté d’aseptiser le personnage de Deadpool et son aventure : c’est vulgaire, trash, drôle, sanglant, méta et au sein du MCU c’est un nouveau ton.

Toutefois, si cette liberté a été laissée, le cahier des charges scénaristique de Marvel ne peut être contourné avec ses passages obligés et sa volonté de rattacher chaque film à son ensemble « cohérent » qu’est le MCU. Ainsi, le multivers a donc une place de choix ici. Si le spectateur lambda pourra notamment être perdu avec l’apparition du TVA (sorte de grande agence de contrôle du multivers et de ses différentes réalités qui empêche au maximum les interférences temporelles entre celles-ci) et ce malgré des dialogues explicatifs, les suiveurs de la série "Loki" de Disney+ ne le seront pas.

Mais finalement dans ce 3ème opus des aventures de "Deadpool", on oublie vite le scénario, qui n’est ici qu’un simple faire valoir à l’ambition du long-métrage : rendre hommage et offrir une dernière dance aux super-héros Marvel des films produits par la Fox et à leurs interprètes respectifs qui ont été laissés de côté par le MCU (les retrouver dans la décharge du Multivers, le Vortex, fait sens).

Les caméos (pour certains inattendus et très drôles), clins d’œil et autres références s’enchaînent donc quasi sans temps mort (parfois jusqu’à l’overdose jugeront certains), dans cette lettre d’amour pétrie de nostalgie aux films de super-héros de la Fox (démarche renforcée par la compilation d’extraits de making-of de ces productions lors du générique de fin). L’ensemble des acteurs semble prendre un réel plaisir à faire partie de ce grand manège (le duo Reynolds-Jackman fonctionne à merveille), et on ne peut bouder notre plaisir devant cette entreprise.

En revanche, le second point noir du long-métrage est la réalisation de Shawn Levy, qui, si elle se contente d’assurer le job, ne prend quasiment aucun risque et reste dans les rails de ce qui se fait habituellement dans un blockbuster de ce type, manquant de donner une identité supplémentaire aux aventures du duo iconique.

"Deadpool & Wolverine", sous couvert d’un buddy-movie super-héroïque généreux, nous offre un tour de manège teinté de nostalgie, sans se départir de ce qu’on attend d’un long métrage de "Deadpool". Un mariage qui fonctionne et fait des étincelles, mais qui est un peu plombé par les lourdeurs du cadre Marvel et une réalisation impersonnelle, ce qui ne l’empêche pas de s’élever sans aucune difficulté au-dessus de la quasi-totalité des productions Marvel depuis "Avengers : Endgame".

Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur

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