DEAD AND BEAUTIFUL
Intrigant
De jeunes adultes, enfants de familles richissimes, se réunissent à Taipei pour rendre hommage à l’un d’entre eux, disparu. Étrangement, ils se retrouvent autour d’une énorme pièce montée, sur laquelle trônent des photos du défunt. Mais au moment de trinquer, celui-ci jailli du gâteau, dévoilant la supercherie. Ils s’embarquent alors dans une expédition en pleine jungle taïwanaise, en compagnie d’un mystérieux guide, qui les initie à un mystérieux rite. Quelques heures plus tard, tous se réveillent avec des dents pointues, façon vampire, leur guide gisant non loin, exsangue…
"Dead and Beautiful", découvert dans la section Limelight du Festival de Rotterdam 2021, se veut une relecture du mythe du vampire, s'appuyant sur un mystérieux rituel, auquel s'adonnent des adultes issus de familles riches. Voyant leurs dents pousser à cette occasion, et découvrant le corps sans vie de leur guide, une morsure dans le cou, ceux-ci doivent d'abord tester leur propre adhésion à cette possibilité : ils seraient devenus des vampires. Tournant alors au film initiatique, le long métrage de David Verbeek, auteur de "R U There", dispose d'un scénario à tiroirs qui demande une attention (et une mémoire) de nombreux détails.
L'ouverture est en soi intrigante. Deux femmes précipitent une voiture bleu électrique ultra-moderne dans les rues désertes de Taipei, avant de freiner soudainement face à une vieille dame immobilisée sur un passage piéton. Celle-ci, le visage maquillé de manière tribale, pointe du doigt l'héroïne et marmonne quelque chose, suggérant un sort jeté. C'est ainsi que le fantastique imprègne le début du film, avant une introduction de chaque personnage lors d'une scène de soirée, chacun étant réduit à sa lignée et la fortune estimée de sa famille. Un premier signe de vacuité de ces jeunes gens oisifs, qui ne cherchent qu'à s'amuser. Et un premier virage pour un film qui en prendra plusieurs, alternant entre fantastique et satire sociale au montage dynamique.
Morts à l'intérieur, on assiste donc aux expérimentations de ces jeunes gens, ayant mué en une troupe de chasseurs nocturnes, tout vêtus de noir, jusque dans leurs masques très d'actualité. Sans pour autant réussir à générer une vraie frayeur, le découpage, comme le scénario, parviennent à provoquer un questionnement quant aux limites que peuvent se donner ces riches jeunes gens. La satire sociale en restera là, même si elle existe bien sur le fond (comparer les grandes fortunes à des vampires modernes n'est pas nouveau), au profit d'autres rebondissements, qui fonctionnent plutôt bien, mais rappelleront cependant les rouages d’autres films.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur