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DE NOS JOURS...

Un film de Hong Sang-soo

HSS est HS

Une ancienne actrice en quête de reconversion reçoit la visite d’une actrice débutante. En parallèle, un vieux poète qui bataille avec son sevrage d’alcool et de tabac reçoit la visite d’un admirateur. Deux histoires simples à Séoul, deux conversations apaisées sur ce qui fait le sel de l’existence…

De Nos jours film movie

Il a beau en tourner trois ou quatre par an, cet indécrottable stakhanoviste d’Hong Sang-soo (HSS) serait surpris de voir ses films débarquer au compte-goutte en France, dans n’importe quel ordre, au point qu’on ait fini par se perdre dans la chronologie. En ce qui nous concerne, on a surtout envie de rendre notre carte de membre. Parce qu’on n’en peut désormais plus. On se fatigue désormais de ces petits bouts d’auteurisme cheap déguisés en longs-métrages, tout juste bons à susciter l’admiration d’une certaine frange de la presse ciné bobo – celle pour qui le dénuement artistique et le verbiage non-stop sans la moindre idée de mise en scène serait signe de profondeur et de pureté – et à plonger tous les autres dans les bras de Morphée en moins de temps qu’il n’en faut pour un acteur d’HSS pour boire sa première gorgée d’alcool. On est aussi lassé de ne sentir plus la moindre stimulation dans ces dispositifs minimalistes ; se résumant à shooter en plan fixe du blabla sur fond d’alcool à écluser et de cigarettes à fumer. On est enfin lassé – pour ne pas dire carrément agacé – de ces considérations pseudo-existentielles qui frisent au mieux la lapalissade au pire l’attrape-nigaud. Croire que ce nouveau film allait changer la donne d’un cinéma plus autiste qu’autre chose paraissait peine perdue. On a quand même voulu vérifier. On ne s’est hélas pas trompé.

De nouveau joué par des fidèles (son épouse Kim Min-hee et son acteur fétiche Ki Joo-bong) qui se contentent là encore de réciter un texte très écrit en s’efforçant d’avoir l’air naturels et spontanés (ils ont beau y arriver, on s’en fiche pas mal), "De nos jours…" prolonge la perte de temps – néanmoins sur une durée courte – que représente désormais le style HSS. Pas une once de poésie à glaner dans les échanges, pas le moindre jeu plastique ou symbolique vis-à-vis de quoi que ce soit, tout juste peut-on glaner quelques zestes comiques (mais qui n’en ont que le nom) et un effet de mise en abyme totalement fake qui consiste à caler à l’arrière-plan un personnage tenant une caméra vidéo braquée à droite ou à gauche – on laissera aux pigistes intellos le soin de déceler des niveaux de lecture pseudo-métatextuels derrière ce gimmick. Pas grand-chose à rajouter d’autre, hélas : lorsqu’on sort de la salle, on se contente de bailler, de soupirer et de penser déjà à la séance d’après. Chez HSS, les films se suivent et se ressemblent. On préfèrera toujours quand ça se suit et que ça diffère.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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