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DANCING IN JAFFA

Quand l'art permet à l'espoir de rester sauf

Pierre Dulaine revient dans sa ville de naissance avec le désir de transmettre sa passion de la danse aux enfants de Jaffa. Faut-il encore que ceux-ci acceptent de se prendre la main...

De la danse, nous n'en verrons pas tant que ça finalement. On s'en doutait bien – l'enjeu est tout entier dans le titre – faire danser ensemble deux enfants palestiniens et israéliens semble irréalisable. C'est pourtant le noble objectif que s'est donné Pierre Dulaine, danseur de renommée mondiale. On le comprend vite, le plus dur n'est pas de mémoriser une chorégraphie, compter des pas ou vaincre le trac, mais déjà de mettre deux enfants l'un en face de l'autre et que leurs mains soient en contact. Ce contact impensable, des têtes qui disent non, des regards qui se fuient, ce sont ceux d'enfants qui ont grandi dans la peur de l'autre, qui voient en l'autre un ennemi (même si le mot n'est pas avoué), ou du moins un être digne de la plus grande méfiance...

Le danseur a bien saisi la difficulté de son entreprise qu'il qualifie lui-même de la plus importante qu'il ait mené dans sa vie. Peu à peu un climat bienveillant s'installe, et avec humour, tendresse et surtout une patience à toute épreuve, Pierre Dulaine parvient à faire éclore, lentement mais sûrement, ce sentiment qui semblait éteint à tout jamais par des décennies de violence et de haine : la confiance. Les enfants se regardent, se parlent, se sourient, répètent leurs mouvements en dehors de l'école, chez l'un ou chez l'autre pour préparer la compétition de danse. L'émotion surgit alors de manière inexorable quand tous ces petits couples se mettent à bouger en harmonie, avec autant d'application que de maladresse et surtout un vrai plaisir de danser ensemble.

C'est une petite victoire, si l'on considère la proportion d'enfants (et de parents) qui refusent catégoriquement de danser avec l'« autre » par rapport à ceux qui ont accepté de jouer le jeu. Mais c'est une grande victoire, dans un pays aussi meurtri par la guerre et la haine, que de pouvoir affirmer : c'est possible.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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