DALLAS BUYERS CLUB
D'impressionnantes performances
Depuis quelques temps, les réalisateurs québéquois nous produisent régulièrement des pépites cinématographiques. Entre Ken Scott et son "Starbuck" (et son remake américain qui arrive bientôt), Denis Villeneuve et ses "Incendies" et "Prisoners", et Jean-Marc Vallée et son mésestimé "Café de Flore", puis aujourd'hui "Dallas Buyers Club", on pourrait croire qu'Hollywood vient puiser dans ce vivier prometteur pour renouveler son offre. Sauf que le dernier film de Jean-Marc Vallée est bel et bien un pur produit indépendant qui eut peine à voir le jour. C'est par ailleurs grâce à l'acteur principal Matthew McConaughey que le financement a pu finalement être bouclé.
Nous sommes ici à Dallas, dans le milieu des années quatre-vingt, époque où l'épidémie du sida a déjà largement gagné les pays occidentaux. Ron Woodroof, cowboy chétif adepte du rodéo, mène une vie sexuelle débridée, partageant prostituées ou jeunes filles aux mœurs légères avec compères et collègues. Lorsque le médecin lui annonce qu'il est séropositif, il croit qu'on le prend pour un gay, preuve qu'à cette époque l'idée fausse et préconçue selon laquelle cette maladie était réservée aux drogués et aux homosexuels était encore bien répandue. D'abord dans le déni, il finit par se rendre à l'évidence et c'est une rencontre déterminante avec le Dr Vasse, médecin déchu soignant les malades du sida avec des traitements alternatifs non approuvés par la FDA (l'organisme américain équivalent à l'AFSAPS français, autorisant ou non la commercialisation de médicament sur le territoire), qui va radicalement changer sa vie.
"Dallas Buyers Club" est la véritable histoire de ce personnage à qui les médecins donnaient à peine trente jours de pronostic vital et qui a combattu et dénoncé le lobby pharmaceutique pendant plus de cinq ans à travers son « Dallas Buyers Club ». Matthew McConaughey incarne cet homme corps et âme: il perd plus de vingt kilo pour le rôle (presque aussi impressionnant que Christian Bale pour "The Machinist"), prend son meilleur accent texan et, comme à son habitude, excelle dans un rôle de redneck finissant par devenir de plus en plus tolérant, notamment grâce au contact de son associé travesti, Rayon, un Jared Leto faisant un retour fracassant, complètement habité par son personnage de queer. Les deux acteurs métamorphosés impressionnent et apportent l'émotion nécessaire pour transcender le savoir-faire de Vallée, déjà largement confirmé avec "C.R.A.Z.Y" et "Café de Flore", et sont d'ailleurs tout légitimement en lice pour les Oscars.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur