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DADDY COOL

Un film de Maya Forbes

Rôle à Oscars pour film raté

1978. Alors que Cameron a été diagnostiqué maniaco-dépressif des années auparavant, sa femme Maggie, afro-américaine, tente de fuir la maison en voiture avec leurs deux filles. Son comportement, lorsqu’il n’a pas pris sa dose de lithium, pourrait en effet les mettre en danger…

Présenté l'an dernier hors compétition au Festival de Deauville, "Daddy cool" est de ces films centrés sur un personnage principal handicapé par une maladie qui l'empêche d'être socialement adapté, offrant ainsi à un acteur un rôle propice aux récompenses. Mais si Dustin Hoffman a triomphé en autiste dans "Rainman", si Daniel Day Lewis a gagné en paralysé spasmodique peignant avec les pieds dans "My left foot", si Russell Crowe a lui aussi remporté la statuette dorée avec son rôle de schizophrène paranoïde dans "Un homme d'exception", Mark Ruffalo sera finalement nominé en 2015 pour un autre film, "Foxcatcher", dans lequel il joue un second rôle.

On ne peut cependant pas dire que l'acteur démérite dans son interprétation. Ruffalo est saisissant de vérité lors des crises de son personnage, parlant fort, avec un certain aplomb difficile à contrôler, devenant envahissant pour les uns et potentiellement dangereux pour les autres (voir la scène d’embauche de sa femme qui se termine en baston...). Malheureusement, la sage mise en scène de Maya Forbes et l'absence de profondeur de tous les autres personnages (c'est un comble pour les filles censées lui tenir tête et réduites à deux portraits de chipies gueulardes) font que l'émotion est étrangement absente.

En toile de fond, le film tente de traiter des rapports homme/femme dans une société des années 70 peu encline à envisager la femme comme faisant vivre le foyer familial. Mais l'intrigue se limite malheureusement à décrire les difficultés quotidiennes du couple, entre une mère retournée étudier et contrainte de vivre ailleurs la semaine, et un père dépassé, incapable de gérer ses deux filles, avec qui il est pourtant complice. Essayant de décrire la tension qui s'installe à l’intérieur de la cellule familiale, la réalisatrice perd son sujet en route. Et la scène finale, bien peu inspirée, fait l'effet d'un cheveu sur la soupe, malgré un message sur la nécessité pour les filles de grandir et de s'émanciper d'un père… presque plus dépendant qu'elles.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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