CYRIL CONTRE GOLIATH
Un documentaire défenseur d’une certaine utopie
Cyril, d’abord acteur puis écrivain, a longué travaillé dans la communication à Paris, avant de changer de vie. Suite à une séparation et un contrôle fiscal, il s’aperçoit que ce qu’il considérait comme acquis, son refuge, le village de son enfance, est en danger. Suite à l’achat du château par le couturier milliardaire Pierre Cardin, le bourg de Lacoste devient peu à peu un domaine privé, l’homme rachetant de nombreuses maisons, sans les louer ni permettre l’installation de commerces…
Sortie le 13 mai 2020 en E-Cinema sur La 25e Heure
La démarche de Cyril Montana et de son fils, qui l’accompagne dans une bonne partie de son aventure, vise moins à dire qu’un homme riche à milliards tel Pierre Cardin n’a pas le droit de posséder un ensemble d’habitations, qu'à le mettre face à son attitude de propriétaire égoïste, ignorant ses voisins et leur droit à vivre dans un lieu animé et vivant. Construire au fil de son documentaire un double discours, à la fois sur la nécessité de dialogue, quel que soit le projet (même celui qui est le sien, de défendre le village), et sur la confiscation, par une personne puissante, de la vie et la culture d’un lieu, au travers d’une privatisation d’une partie importante de celui-ci.
Tâchant de retracer l’histoire, en partant d’un entretien avec le maire, l’auteur utilise à la fois photos, images d’archives, pour parler de la vie culturelle du village de Lacoste, avant de s’attacher aux différentes tactiques visant à faire réagir le milliardaire (utilisation des médias, marche engagée, débat citoyen, interpellation lors d’un événement…). Mettant en évidence un perpétuel évitement qui résonne comme un mépris, il dessine aussi les contours de ses propres faiblesses, dans l’écoute des autres, comme dans la naïveté de ses espoirs. Au final, plus qu’une émotion, ce sont certains moments particuliers qui restent ancrés en nous, expression dédaigneuse d’un mépris d’une culture locale, d’une différence abyssale de niveau de vie, ou interrogation sur le gap entre manque de logements et maisons vacantes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur