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CROSSCURRENT

Un film de Yang Chao

Une uvre poétique et troublante

Un homme remonte la rivière Yang-Tsé, à la recherche de la figure de la femme aimée. Mais à chaque étape de son voyage d'une dizaine de jours, celle-ci lui apparaît de plus en plus jeune, et lui échappe toujours...

Avec comme point de départ l'histoire d'un fils portant le deuil de son père, Yang Chao (auteur de « Passages »), nous livre un film d'une immense poésie, mêlant pèlerinage à la recherche de la femme aimée, bribes de vie de celle-ci, le tout formant un lien intime avec un ensemble de poèmes eux aussi liés au fleuve. À partir du thème de la recherche de la femme idéale ou de la perte de l'être aimé, le film nous invite à un voyage hypnotique sur un navire voguant à contre sens sur le Yang-Tsé.

La beauté des images (qui auront valu à Mark Lee Ping-Bing le prix de la meilleure photographie lors du Festival de Berlin 2016), souvent nocturnes, se confronte aux paysages d'une Chine en pleine mutation. Au fil de la remontée du fleuve, on traverse les zones urbaines riches et pleines d'activités tout comme des campagne en pleine paupérisation, la perception changeant littéralement lors du passage du fameux barrage des Trois Gorges. Le voyage, en quête d'une pureté perdue, se prolonge même jusqu'aux sommets où se trouve la source du fleuve mythique.

Le récit use autant de paraboles géniales pour mieux symboliser l'état des personnages (jeter l'ancre, partir à la dérive, remonter à la source...), que de plans superbes pour mieux nous ensorceler dans son approche délicate de la vie et de l'amour. Offrant quelques scènes mémorables, "Crosscurrent" atteint des sommets d'onirisme, notamment lors du passage dans les gorges où les projecteurs du bateau tentent de suivre une silhouette féminine fugace sur d'abruptes falaises. Tout juste magique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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