Festival Que du feu 2024 encart

CRISTEROS

Un film de Dean Wright

Presque du Cimino en mode Old El Paso

En 1926, un soulèvement populaire secoue le Mexique suite aux lois instaurées par le président Callès, qui interdisent toutes pratiques religieuses dans l’ensemble du pays. Des hommes et des femmes de tous horizons, les Cristeros, vont alors risquer leur vie pour défendre leur liberté et lutter contre les persécutions menées par le gouvernement…

En voyant l’affiche, on hésite déjà : grosse fresque à la Cimino sur un processus de révolte face à un ennemi persécuteur, ou gros nanar qui se rêverait en candidat prestigieux pour les Oscars ? C’est plutôt la seconde impression qui prédomine face au résultat final, certes non dénué d’une certaine classe formelle (les gros moyens ont visiblement été fournis) mais égarant son beau sujet de tolérance dans un canevas de film d’aventures banal, bavard et manichéen. Dès son plan d’ouverture, où une soupe chorale accompagne des vers de poésie affichés très lentement sur l’écran, on devine déjà l’intention du réalisateur : chercher à tout prix l’émotion et la faire durer le plus possible. Là-dessus, rien à redire, le pari est complètement raté : entre des acteurs transparents qui se la jouent glamour quand ils ne récitent pas bêtement leur texte et une réalisation d’une platitude infinie qui échoue sans cesse à justifier un lyrisme à la ramasse, l’émotion ne s’installe jamais, contrairement à l’ennui…

Au bout d’un moment, on acquiert le réflexe suivant : au lieu de piquer un petit roupillon ou de ricaner bêtement pendant les deux heures qui restent, on finit par se concentrer exclusivement sur le sujet du film, évoquant la révolte armée d’un groupe de Mexicains croyants face à un pouvoir révolutionnaire qui bannit les pratiques religieuses. De ce point de vue-là, le film aura beau faire preuve d’un gros travail de documentation, il ne constitue hélas qu’une sage illustration, foncièrement unilatérale et sécurisante, en tout cas dénuée de toute ambiguïté qui aurait pu en transcender l’approche. Par moments, au détour de quelques scènes évoquant une publicité Old El Paso (avec humour de maternelle et mariachis en fond sonore !), on croirait presque avoir affaire à un film initié à des fins pédagogiques. Sauf que si l’on recherche du pur cinéma, où le sens et l’immersion sont des éléments générés par le découpage, "Cristeros" ne convainc jamais. Passe ton chemin, hombre

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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