Festival Que du feu 2024 encart

CRÈVE SMOOCHY CRÈVE

Un film de Danny DeVito

Robin Williams joue les méchants

Alors que l'animateur vedette d'un show télévisé pour enfants se retrouve en prison pour avoir accepté un pot de vin, les producteurs de l'émission doivent trouver en urgence un nouveau concept pour la chaîne « kid net ». Dans la précipitation, ils engagent un gars naïf déguisé en rhinocéros mauve dénommé Smoochy. Mais le clown Rainbow Randolph n'a pas dit son dernier mot...

Sortie en DVD le 3 Septembre 2003

« Crève Smoochy crève » est une sorte d'anachronisme sorti directement en vidéo en France au début des années 2000, alors que sa facture en ferait naturellement un film des années 80-début 90. Comédie réalisée par Danny DeVito (créateur à succès de « La Guerre des Roses » ou « Balance maman hors du train ») affichant de manière très ponctuelle une certaine dimension ironique, le film traite du caractère éphémère du succès et de l'influence de l'argent dans le monde télévisuel. Transposés ici à l'univers normalement innocent des émissions pour enfants, cela donne une petite sucrerie qui n'évite pas la caricature et dont les éléments les plus intéressants sont certainement les personnages, ceux-ci formant ensemble un vrai sac de vipères.

Il y a tout d'abord Catherine Keener, en productrice blasée, qui joue merveilleusement les hypocrites, exaspérée par toutes ces simagrées envers les enfants et ces hordes d'animaux qui peuplent son plateau. Son personnage de faux-cul obsédé par l'audimat est plutôt plaisant, même si l'on se doute, dès le premier quart d'heure, qu'elle finira par lâcher son cynisme pour retrouver son âme d'enfant... Face à elle, on retrouve un Edward Norton enjoué, incarnant un grand naïf plutôt écolo, opposé au concept de merchandising et donc rapidement coupé de la prise de décision (il se retrouve enfermé dehors durant des réunions marketing... malgré le succès de son show). Sa gentillesse lui vaut d'être exploité par tous ceux qui l'entourent, depuis les sombres mafieux qui le forcent à engager un ancien boxeur un peu amoché de la caboche, à son propre manager qui l'oblige à accepter de participer à un « Smoochy on Ice »...

Mais le vrai méchant de l'affaire est incarné par Robin Williams. On n'avait pas vu celui-ci s'amuser autant depuis belle lurette en interprétant un clown rancunier bien décidé à prendre sa revanche... Si l'humour ne vole parfois pas très haut (pour griller le show de son ennemi, il met un gâteau en forme de pénis parmi les cadeaux des enfants...), et si certaines situations s'avèrent fortement improbables (il fait chanter Norton devant des représentants d'un parti néo-nazi, tous enchantés par sa prestation...), il faut bien avouer que ses pitreries font plutôt mouche. Il nous offre notamment quelques numéros d'anthologie, empreints d'une folie manifeste, lorsqu'il incarne incognito un chauffeur de taxi haineux, qu'il s'attaque à des défenseurs de vrais rhinocéros, ou lorsque le sort s'acharne sur lui alors qu'il tente de s'immoler par le feu. Un film passé inaperçu, qui mérite donc d'être découvert, rien que pour ses interprètes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire