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LA CRÈME DE LA CRÈME

Un film de Kim Chapiron

Comédie en inquiétant microcosme

Alors que son coloc d'origine tunisienne désespère de séduire des filles, un étudiant en commerce développe une théorie en comparant les rapports sexuels à un marché économique comme les autres. Bien décidés à "manipuler les cours", dans l'espoir de faire tourner leur chance, et aidés par une camarade lesbienne et l'un des pontes du BDE (bureau des élèves), ils vont engager des filles pour sortir avec des élèves de leur grande école, en détresse de sex-appeal...

Après un début installant le décors austère d'une école de commerce, le directeur s'adressant à la future élite des grandes entreprises françaises dans un amphi, c'est tout un contraste qui s'installe. Versant clairement dans la comédie, le film certainement le plus accessible de Kim Chapiron ("Sheitan", "Dogpound") dresse un portrait sympathique d'un quatuor d'étudiants qui ne savent pas trop quoi faire de leur intelligence hors norme. Et la mettre au service des pulsions des uns et des autres, plutôt que de s'épuiser au niveau des cours, semble résolument une bonne idée : de scénario en tous cas.

Poussant le bouchon assez loin en terme de concept, le scénario de Chapiron, cosigné avec Noé Debre, dresse au passage en arrière plan une gentille, mais inquiétante, critique de l'enseignement en grandes écoles, se focalisant uniquement sur le côté défouloir premier degré (les glissades au savon des les couloirs, les beuveries en soirées...) et non sur le contenu de l'enseignement. Exprimant clairement l'utilité de l'école pour se former un réseau plus qu'autre chose, il double sa comédie enlevée d'une critique sociale, décrivant un monde où pour certains tout est tracé d'avance, sauf justement la vie privée. Un film cynique et jubilatoire, doté de plus d'une allusion savoureuse aux écoles d'ingénieurs, comme pépinières à frustrés boutonneux.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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