CRAZY HORSE
Buste en avant, fesses en arrière
L’ombre de Belzébuth et de son cerbère se profilent. Une femme simule un orgasme et dix paires de fesses se balancent. Nous sommes bel et bien dans l’antre du Crazy Horse, le cabaret aux shows nus les plus chics au monde…
Après « La danse » et la boxe à travers « Boxing Gym », Frederick Wiseman nous revient avec un autre moyen d’expression corporel : les shows de cabaret. Mais pas de n’importe quel cabaret. Le célèbre réalisateur de documentaire s’invite, dix semaines durant, dans le plus raffiné des clubs du monde. Le résultat de ces 70 jours d’investigation ? Une ode au fessier féminin. Les amateurs s’en réjouiront, Wiseman ne lésinant pas sur les séquences de show très chaud dévoilant de multiples paires de fesses ballottant au rythme des chansons entraînantes choisies par les soins de Philippe Découflé.
On y rencontre le talentueux chorégraphe au service de la marque très glamour qui s’évertue à boucler un nouveau spectacle baptisé « Désir » en dirigeant une dizaine de danseuses 7 jours par semaine. Jeux d’ombres et de lumières, costumes affriolants et perruques flashy, chansons coquines aux paroles faciles et aux mœurs légères, l’esprit de la maison est précieusement conservé.
Cela étant, le Crazy Horse s’avère bien rapidement être une coquille vide. Un environnement où le superflu et le superficiel ne permettent pas au réalisateur d’avoir matière à attirer notre attention au-delà de l’avantageux physique des danseuses et de l’inventivité d'un spectacle qui s’essouffle à mesure que Wiseman nous en dévoile les ficelles. Ce genre de performances serait plutôt à apprécier en live plutôt que face à un écran. Mais en ce sens « Crazy Horse » est une bonne publicité pour le célèbre cabaret. Il donne aux néophytes l’envie d’y passer une soirée en bonne compagnie.
Il est évident que, comparé à ses derniers documentaires, Wiseman passe à côté de son sujet et peine à intéresser le public à cette troupe. L’anonymat des danseuses ne permet pas de s’attacher au crew comme dans son formidable « La danse ». Il reste malgré tout quelques réunions de travail passionnantes entre Découflé, la directrice du cabaret et d’autres personnels technique, comme la costumière, qui suscite l’intérêt et dévoile les enjeux de ce nouveau spectacle, mais ils sont malheureusement noyés entre les séquences de répétitions finalement très lassantes. Et ce n’est pas l’arrivée du directeur artistique qui monopolise l’objectif de Wiseman au détriment du chorégraphe infiniment plus intéressant dans ses réflexions artistiques qui nous offrira un regain d’intérêt.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur