COURTS AUX OSCARS – Animation 2016
La bonne santé de l'animation
En juxtaposant les cinq nominés à l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation, Premium Films réussit un beau mélange dans lequel se croisent films poétiques et de science fiction, comédies et drames, dessin traditionnel et images de synthèse. "The Loneliest Spotlight" signé Bill Plympton raconte avec délice la vie d'un feu de circulation, suspendu par un câble au dessus d'une route peu fréquentée. On reconnaît la ligne fébrile du cinéma de Plympton, qui raconte ici avec humour en voix-off et en utilisant un unique plan large agrémenté de ponctuels gros plans sur le feu bicolore, l'isolement, la gloire, et au final, l'amour. Réjouissant.
On enchaîne avec "World of Tomorrow", certainement le film le plus ingrat de cette sélection, mais intéressant sur le fond (la confrontation d'une petite avec une version plus âgée d'elle-même et à des souvenirs d'un futur plus avancé technologiquement). Émouvant, le film n'est pas très avenant visuellement, alliant dessin minimal façon schéma enfantin et images de synthèses minimales représentant certains souvenirs. "If I Was God" raconte en voix-off le parcours imaginaire d'un petit garçon en train de disséquer une grenouille, et s'apercevant qu'il peut ramener la bestiole à la vie. Il y est question d'amourettes, de persécution, le tout dans un très cohérent mélange de dessin au crayon papier sur page de cahier, stop-motion (le cœur de l'histoire), de craie sur ardoise et de papier découpé (pour les passages imaginaires).
Les deux films suivants font figure de favoris pour la cérémonie hollywoodienne (même si l'on a pas pu voir "Sanjay's Super Team", produit par Pixar, qui serait donc naturellement aussi parmi les favoris). "Bear Story" est un court-métrage en images de synthèses, racontant avec de petits ours mécaniques situés à l'intérieur d'une sorte d'orgue ambulant, le passé d'un ours séparé de sa famille par des propriétaires de cirque. Les différents tableaux sont superbes et s’enchaînent avec fluidité et poésie. Et au final, l'émotion domine. Plus impressionnant pour sa technique, "Prologue" propose le combat, dans une plaine, entre quatre guerriers nus. Entièrement réalisé au crayon, le film impressionne par les changements d'échelle et de point de vue, qui nous propulsent au cœur d'une action sanguinaire.
"The Short Story of a Fox and a Mouse" et "Catch It" sont certainement les deux films les plus faibles des courts ajoutés, ceci malgré la sympathie qu'ils provoquent. L'animation du premier, en images de synthèse, fait peu dans le détail, notamment concernant la texture des fourrures des animaux présents ici (un renard devenant complice avec une souris, face à deux hiboux déterminés à lui faire la peau). Reste le message sur l'entraide, très sympathique, et l'utilisation des décors enneigés. Celle du second semble faire partie d'un main-stream en termes d'images de synthèse. L'histoire de ces chiens de prairie (ils sont onze, ce qui a son importance sur la fin), poursuivant un vautour pour récupérer un fruit, est assez amusante et fournit son lot d'action et de rebondissements.
Terminons par le magnifique film russe "We Can't Live Without Cosmos", grand prix du Festival d'Annecy 2015, qui malgré une animation traditionnelle des plus sobres, arrive à surprendre par ses points de vue. Il provoque une réelle émotion, avec une histoire d'apprentis cosmonautes devenus inséparables, entre amitié et quelque chose de plus. La complicité est mise en avant, l'entraide, mais aussi le rêve d'un destin. Une très très jolie conclusion pour un recueil haut de gamme.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur