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LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA

Un film de Isao Takahata

Un conte d’une incroyable beauté narrative et visuelle

Dans une forêt de bambous, un vieux s’active à sa récolte. Il est soudain attiré par une tige d’où émane un vif éclat. Tranchant la plante, il découvre à l’intérieur un petit bout de femme lumineuse qu’il recueille au creux de ses mains. Émerveillé, il la ramène jusque dans son foyer où elle se transforme en beau bébé. Lui et sa femme décident de la garder et d’élever cette étrange enfant qui grandit à vue d’œil…

Isao Takahata s’attaque à l’un des contes les plus populaires du Japon. Imaginez, c’est comme s’il adaptait une histoire de notre Charles Perrault national. Le réalisateur de "Mes voisins les Yamada", "Pompoko", et bien sûr son chef-d’œuvre "Le Tombeau des lucioles", adapte ici Le conte du coupeur de bambou, une histoire du folklore japonais datant du IX ou Xe siècle. Sauf qu’en réalité, l’histoire se concentre davantage sur l’enfant qui deviendra princesse plutôt que sur l’homme qui récolte les bambous ; d’où le titre du film, plus réaliste.

Sans nous expliquer ses origines, une petite princesse magique est découverte par un vieillard au cœur d’un bambou. Lui et sa femme, un vieux couple sans enfants, l’adoptent et l’élèvent. L’histoire déroule ainsi dans un premier temps son « enfance », finalement très courte, le bébé grandissant très vite et devenant en l’espace de quelques mois une jeune et belle adolescente. Bientôt grâce à l’or quotidien que le père trouve miraculeusement dans la forêt de bambous, il décide de descendre en ville, d’honorer la princesse comme il se doit et de lui trouver un mari. Mais la princesse Kaguya est-elle prête à se laisser enfermer dans un rôle aussi contraignant ?

Sur les plans visuel et narratif, "Le Conte de la princesse Kaguya" est d’une beauté à couper le souffle. La première partie du film est, à ce titre, un enchantement ! L’histoire se passe dans la campagne nippone, dans une petite communauté de fermiers vivant simplement, dans une maison de bois perchée au sommet d’une colline et entourée d’une nature verdoyante et féconde. On se retrouve dans une authenticité que souligne parfaitement le style crayonné et coloré d’aquarelles du dessin animé 2D. C’est beau, poétique et envoûtant.

On se passionne pour cette fillette qui grandit à vue d’œil, pour ses parents attentifs et pleins de tendresse, ainsi que pour ses amis dont le plus âgé deviendra son amoureux secret. On est pris dans une belle énergie qui voit s’humaniser ce petit être de lumière dont on devine l’immense destin qui l’attend. Dans la deuxième partie du film, qui se situe dans la capitale, Takahata rend parfaitement la tournure de l’histoire avec une rupture de ton et de style graphique. Plus sombre visuellement, l’histoire tout comme le cœur de Kaguya s’emplit petit à petit de désillusions, avec cette image qui parlera aux plus jeunes où Kaguya rend sa liberté à un oiseau en cage. La jeune princesse est prise en étau entre faire plaisir à ses parents, qui lui veulent son bien, et ses sentiments de liberté enfouis en elle qu’elle n’ose révéler de peur de décevoir.

Cette partie perd malheureusement un peu en rythme avec ses scènes à la fois fortes – et terriblement drôles – mais un peu trop répétitives de l’éducation que lui procure Sagami et des cinq prétendants qui doivent prouver leur amour envers Kaguya en accomplissant un défi. Sauf qu’ils seront tour à tour humiliés ou déshonorés, aucun ne parvenant à conquérir le cœur de la belle, ce qui contraste profondément avec les contes occidentaux où le dernier prince arrive toujours à ses fins ! La réalité sera donc plus dure pour Kaguya dont le destin l’appelle ailleurs, dans un autre monde… L’happy end traditionnel, avec mariage à la clé, diffère mais reste symboliquement le même : un nouveau départ pour une nouvelle vie…

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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