CONFIDENCES TROP INTIMES
POUR: Niveau +3 - Un huis clos de haut vol
Après quelques films en demi-teinte (L'homme du train, Rue des plaisirs), Patrice Leconte nous revient en grande forme, avec un scénario aux dialogues cousus mains, signé Jérôme Tonnerre. Si les deux personnages, énigmatiques, aux contours troubles et aux aspirations et intérêts différent, se construit une relation ambiguë. D'autant que la fameuse Anna, magnifiquement interprétée par Sandrine Bonnaire, joue à la fois de sa timidité réservée, et de son charme discret, laissant planer le doute jusqu'au bout sur les véritables raisons de ses visites.
A tel point que le spectateur se demande, comme Luchini, si elle n'est pas un rien mythomane. Du coup, le couple fonctionne à merveille, et la tension monte peu à peu, alors qu'en simultané le monde étriqué du spécialiste de la fiscalité, engoncé dans son lourd héritage paternel et sentimental, s'éclairci. Et grâce à un formidable travail sur les couleurs et la lumière, les décors, les costumes, passent du terne au coloré, du pesant et emmitouflé, ou léger et affriolant.
Petit à petit, naît entre ces deux personnes en errance, une sorte de désir fugace, qui s'exprime au travers des apparats, des habitudes que l'on se force à bouleverser (la cravate qu'on enlève…). Et ces couloirs sombres et interminables d'où apparaît la femme aimée, comme surgie de nulle part, ne sont plus que des symboles d'une transition vers une autre vie, pour elle, pour lui. Leconte réussit là un coup de maître, aux accents de vérité, dont on sort à la fois mal à l'aise et certain que l'avenir ne peut être que radieux.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurLe dernier film de Patrice Leconte commence très fort. Dès les cinq premières minutes, un magnifique quiproquo pose une situation rocambolesque : le spectacle s'annonce succulent, d'autant que la soupe est servie par un Fabrice Luchini apparemment en grande forme. Mais passées ces quelques instants, il n'y a plus grand-chose à voir. Le film est rythmé par les visites de Bonnaire à Luchini, toujours plus longues, toujours plus molles. Finalement le spectacle tourne en rond et devient vite un simple numéro de marionnettes. Le film s'empâte et révèle son absence totale d'intérêt et d'action. « C'est bel et bien un film d'action , déclarait Patrice Leconte. L'action des sentiments, n'est-ce pas là le geste le plus intéressant ? » .
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que les scénaristes ne se sont pas foulés. L'évolution des personnages, attraction principale du film, est attendue car tellement évidente. William, d'abord collet monté, joue au rebelle en venant au travail sans cravate (oh ! mon dieu !), tandis qu'Anna tente de le provoquer en lui posant des questions déplacées… Que d'émotion ! Le véritable intérêt réside dans les petites histoires secondaires : la relation ambiguë de William avec son ex-femme, le patient du vrai psy et sa peur phobique des ascenseurs… On essaye d'en grignoter un maximum, le temps paraissant moins long, mais là encore, c'est un échec. Le film apparaît inabouti, incontrôlé. Patrice Leconte avouait ne rien y connaître en psychologie. Cela semble assez évident.
Le film jouit néanmoins de deux avantages incontestables : Luchini n'est pas luchinien, et Luchini reste malgré tout Luchini. Exit les grands discours sur la philosophie aristotélicienne du sens de la vie ; ici le trublion montre qu'il a un corps avant d'avoir un cerveau. Le film est donc à voir pour lui, mais uniquement pour lui, car Sandrine Bonnaire semble mal à l'aise. Le fabuleux Gilbert Melki, le mari d'Anna, dont l'intervention devrait faire basculer le film, est beaucoup trop rare, et les seconds rôles, notamment celui du vrai psy, ne sont là qu'à titre humoristique. Dommage
Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur