COMPLIANCE
Les dérives du comportement humain face à l’autorité
Bien que fiction, « Compliance » s’apparente d’avantage à une étude de société qu’à un véritable récit cinématographique. S’inspirant de nombreux faits divers survenus aux États-Unis, Craig Zobel analyse, quasiment en temps réel, les conséquences de l’autorité sur le comportement humain. Sandra n’est pas une mauvaise personne, elle ne fait qu’obéir aux ordres téléphoniques d’un policier. Pourtant elle va petit à petit commettre des préjudices moraux irréparables. Ce film n’est pas sans rappeler la scène mémorable de « I comme Icare » qui démontre, grâce à l’expérience de Milgram, qu’une personne est capable sans discernement, d'infliger à une autre, une décharge électrique de plus en plus forte lorsque cette dernière ne répond pas correctement à une question de mémorisation.
Une expérience affreusement dérangeante qui prouve que la conscience s’efface face à l’obéissance. En tant que spectateur, on imagine fort bien quel comportement adopter pour ne pas tomber dans un piège aussi sadique. Néanmoins, rien ne nous prouve que nous aurions réagi différemment. C’est là le côté sournois d’un tel fait divers, car il fait deux victimes et non une seule. La plus touchée n’étant pas celle qu’on croit, car la culpabilité est une plaie de l’âme qui cicatrise mal. Craig Zobel décortique au scalpel tous les rouages de ce drame. Hyper-réaliste, il ne s’éloigne jamais des faits, hormis lors de quelques ellipses pour ne pas tomber dans le voyeurisme. Malheureusement, ce ton presque documentaire pèse quelque peu sur le scénario, déjà extrêmement inconfortable de par son sujet. Un film somme toute assez scolaire qui aurait mérité un angle de vue légèrement décalé, plutôt que ce parti-pris frontal.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur