COMME UN LION
Une graine de champion face à la dure réalité
Le football semble revenu à la mode du côté des cinéastes français. Après le récent « Les Seigneurs » d’Olivier Dahan, voilà un autre film sur l’univers du ballon rond qui débarque dans les salles obscures. Toutefois, ici, rien à voir avec son prédécesseur puisque le réalisateur Samuel Collardey n’a absolument pas fait le choix de la comédie. Bien au contraire, il a ancré son récit dans un réalisme exacerbé rendant la frontière entre fiction et documentaire des plus fragiles. En effet, s’il s’agit bien d’une histoire fictive, et même si elle s’inspire fortement d’une rencontre du metteur en scène avec un jeune sénégalais, la dureté du monde actuel est filmée avec une telle poigne et un tel réalisme, qu’on s’éloigne bien souvent d’une simple œuvre de fiction. Cette collusion entre fable sociale et documentaire offre un savoureux mélange aux spectateurs, la bienveillance et la douceur de certaines scènes répondant à l’âpreté et la rudesse des autres.
Si le long-métrage suit la destinée de ce jeune garçon qui rêve de devenir footballeur professionnel, c’est pour mieux s’intéresser à la cruauté de notre société. Ainsi, le doux rêve de Mitri va devoir se confronter à la brutalité des conditions des immigrés en France, la violence d’une réalité que le réalisateur nous offre telle qu’elle, sans artifice. Mais « Comme un lion » est aussi l’histoire d’une rencontre, celle entre deux hommes fragiles, brisés, l’un ayant laissé passer sa chance de réaliser ses rêves, l’autre se voyant refuser toute opportunité pour y parvenir. Ces deux âmes solitaires vont apprendre à s’observer, pour nous offrir une relation pleine se sincérité.
Toutefois, à trop vouloir faire un joli conte de Noël, le réalisateur a recours à quelques facilités qu’on ne peut que regretter. L’afflux de bons sentiments et de raccourcis, notamment lors de la fin du métrage, dénature quelque peu la qualité de l’ensemble. En effet, le happy-end apparaît en total désaccord avec les aspirations documentaristes de Samuel Collardey, celui-ci s’attardant sur l'état d’un monde barbare pour finalement tomber dans un pathos déplaisant. Malgré ces maladresses, le film demeure une chronique sociale de bonne facture, notamment en raison de l’alchimie parfaite entre Mytri Attal et Marc Arbé. En choisissant de confronter un récit bienveillant à la cruauté humaine, le réalisateur a osé un pari presque parfaitement réussi. En termes footballistiques, c’est une victoire convaincante malgré un relâchement dans les arrêts de jeux.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur