COMME PAR MAGIE
L'héritage qu'on traîne
Un magicien devient père et veuf le même jour. Entouré par une amie orpheline et son beau-père, il apprendra à prendre soin de son enfant, en essayant de ne pas laisser sa profession de magicien prendre le dessus sur son rôle de père qui l’emmène dans une tournée lointaine…
On retrouve dans le film un des ingrédients qui a fait le succès du chef d'œuvre de Christophe Barratier, "Les Choristes". Il s’agit de cette thématique de l'éducation, de la filiation, d'être un enfant qui n'a pas eu tout ce qu’il lui fallait pour grandir sereinement. C'est un spectre qui hante ici tous les personnages. "Comme par magie" est un film qui est riche en émotion, mais qui souffre de plusieurs problèmes à ce niveau : les ficelles sont trop grosses. Parfois l'émotion est trop dite, trop soulignée, parfois les coutures de l'écriture scénaristique se voient trop, parfois les gags sont trop gros, et cela a tendance à nous sortir de l'émotion du film. C'est dommage, car le métrage fait franchement frissonner par moments.
Il y a aussi certains effets sonores trop appuyés, trop kitschs, qui peuvent nous sortir du visionnage, avec notamment ce bruit de paillettes pour exprimer la magie et la féerie. Ce sont des effets grossiers qui pourraient très bien aller avec le thème, « La magie, c'est de grosses ficelles alors utilisons des effets sonores très appuyés ». L'idée semble adéquate, mais pas l'exécution. On peut aussi trouver dommage que le thème de la magie ne soit pas plus développé dans l'histoire. C'est un sous-texte qui n'est pas réellement exploité. Après, restons prudents, un sous-texte ne peut parfois apparaître qu'après plusieurs visionnages, mais celui-ci semble ici un peu léger.
Les tours de magie sont cependant bien filmés. Christophe Barratier étant un très bon réalisateur, on peut compter sur lui pour créer de belles images. Ici, « le truc » se retrouve dans le montage. C'est le montage qui fait apparaître et disparaître un objet. Une coupure si rapide qu'on ne la remarque même pas. Certains tours de magie cependant ne prennent pas [ATTENTION Spoiler], le final où Victor se suicide dans les flammes ne fonctionne pas. On n'y croit pas et le film ne fait pas durer le suspense. La scène d'après, il réapparaît. Le film souffre de plusieurs problèmes d'écriture dans ce genre-là.
Enfin soulignons la qualité des trois acteurs principaux. Gérard Jugnot, dès ses premières apparitions en tant que grand-père qui s'occupe du bébé, nous charme par son jeu d'acteur à travers des petits détails anodins comme sa manière de faire refroidir le biberon de l'enfant. Claire Chust ne dépare pas à côté des deux acteurs principaux. Enfin, Kev Adams fait le job. Pour les personnes qui l'ont découvert dans la série d'adolescents "Soda" ou dans ses prestations d'humoriste, il peut être difficile de se plonger dans l'émotion de son personnage, son image pouvant lui coller à la peau. Mais il incarne ici son rôle avec justesse, et c'est à nous de nous débarrasser avant la séance des a priori que l’on pourrait avoir. On notera que depuis quelques années, il essaie d'aller vers des rôles plus dramatiques, comme avec une courte apparition dans le remake de "Un sac de billes", où il arrivait franchement à emporter le spectateur avec lui.
Yvan CoudronEnvoyer un message au rédacteur