LES COMBATTANTS
Un premier film éblouissant pour une histoire d’amour hors normes
Pour son premier long-métrage, Thomas Cailley frappe fort avec ce teen-movie atypique et poétique. Multi-récompensée à la Quinzaine des Réalisateurs où elle était présentée, cette comédie bénéficie d’une énergie débordante et communicative. Arthur est un jeune garçon un peu paumé, qui hésite à travailler dans l’entreprise familiale. Madeleine est une force de la nature, s’entraînant sans relâche pour être prête en cas de fin du monde. Et lorsque le garçon-manqué rencontre le rêveur, des étincelles se produisent, d’abord de mépris puis rapidement d’amour. Et si cette romance est si jouissive, c’est en grande partie par l’excellente caractérisation des protagonistes, leur personnalité créant des constates des plus amusants. Magnifiquement interprétée par Adèle Haenel, définitivement une star montante, le personnage de Madeleine nous offre pléthore de scènes cocasses, une seule attitude de la comédienne suffisant à susciter les rires.
Mais le film ne s’enferme pas uniquement dans la case de l’amourette de vacances, multipliant les registres et les tons pour surprendre sans cesse le spectateur. Débutant comme un film de potes graveleux, à l’humour caustique, le métrage file ensuite vers la comédie romantique, en passant par l’armée et le survival. Dans la première partie, William Lebghil (acteur dans "Soda" notamment) est un parfait levier comique, avant de laisser le duo principal prendre la relève lorsque ceux-ci s’engagent pour un stage militaire, elle, pour continuer à manger des sardines crues et à apprendre les techniques de survie, lui, pour essayer de la conquérir. Et un tout autre film démarre, encore plus hilarant, où le cinéaste joue à merveille avec les clichés de l’armée.
Si la dernière partie s’intéressant à l’épisode de la survie est moins jubilatoire, le film n’en demeure pas moins extrêmement touchant, la pudeur avec laquelle le réalisateur capte ces émois amoureux et ces êtres à fleur de peau étant exemplaire. Sans artifice, Thomas Cailley parvient à alimenter son récit de réflexions sociales, d’interrogations sur les problèmes familiaux, donnant ainsi encore plus de consistance à son scénario foisonnant. Et au-delà de la qualité d’écriture, cette aventure romanesque, sur fond de quête d’identité, bénéficie d’une mise-en-scène esthétique, renforçant notre engouement. Si quelques défauts sont à noter, la magie qui se dégage de cette première réalisation nous les fait vite oublier, et rien ne saurait nous faire bouder notre plaisir. À Thomas Caillley de confirmer désormais !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur