LE COLLIER ROUGE
Mou du collier
Été 1919, dans un petit village de la campagne française. Un juge militaire, Lantier, doit statuer sur le sort d’un héros de guerre, emprisonné pour avoir manqué de respect à la Nation. Devant la caserne du village où il est détenu, son chien ne cesse d’aboyer en l’attendant. Quel lien relie ces deux êtres et pourquoi un tel acte de la part de ce soldat ? Des questions auxquelles le juge devra trouver une réponse…
Jean Becker aime filmer la ruralité de la France, comme dans "Les enfants du marais" ou "L’été meurtrier". Il le fait à nouveau ici avec en toile de fond historique l’immédiat après-guerre 14-18. On suit donc l’enquête d’un juge de l’armée qui tente de comprendre le geste d’un soldat. On avance dès lors à coups de flashbacks, chacun des protagonistes que rencontre le juge ayant un morceau de l’histoire que celui-ci devra assembler afin d’entrevoir la raison de son acte. Ce fameux affront sera seulement révélé vers la fin du film, même si le titre nous donne un certain indice en se creusant un peu la tête.
Ce qui se joue dans ce long-métrage c’est à la fois une histoire d’amour et de fidélité, mais au final également de pardon. Tout d’abord une fidélité qui lie le chien à son maître, ce soldat emprisonné. Une fidélité mise à mal par l’instinct de l’animal qui le poussa à commettre un acte détruisant la tentative de paix entre soldats. De fidélité et d’amour il en est question entre le soldat et sa femme, mais cela sera aussi remis en question par une supposée infidélité. Enfin la connaissance de la vérité des faits, à la fois pour le juge et pour le prisonnier, leur permettra d’accorder et de demander le pardon. Néanmoins l’ensemble est globalement traité avec peu de subtilité. Ainsi, d’une réflexion simpliste sur la guerre, on bascule petit à petit sur l’autopsie de l’acte d’un homme touché dans son orgueil.
On est devant des personnages fatigués par cette guerre, qui ont vu petit à petit leurs principes vaciller face aux horreurs qu’ils ont vues ou commises durant celle-ci. Le prisonnier voue une haine aux élites qui ont envoyés des jeunes se faire tuer sur le champ de bataille, tandis que le juge s’interroge sur la notion de justice par ce qu’il a vécu et se refuse à envoyer un homme face au peloton d’exécution sans connaître l’ensemble des faits. Cependant l’ensemble manque de rythme, comme fatigué par la chaleur écrasante qui s’abat sur ce petit village. Nicolas Duvauchelle et François Cluzet campent avec sobriété leurs personnages, qui ne sont que superficiellement construits. Les autres personnages sont quant à eux beaucoup trop effacés. Et l’émotion ne parvient pas à nous envahir, malgré l’enjeu dramatique. De plus, les quelques scènes de combat sont emballées à la va-vite, sans disposer d’un réel souffle.
"Le collier rouge" s’avère être un divertissement assez bien construit, mais qui reste trop en surface des enjeux et des thématiques qu’il développe, et ne parvient que trop rarement à nous emmener avec lui dans l’Histoire, la faute à un manque de rythme. Quant à ceux qui ne supportent pas les aboiements de chien, ils feraient mieux de s’abstenir.
Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur