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LA COLLE

Pas de bol, cette colle est un peu molle

Benjamin, élève de lycée, est fan de bande dessinée et amoureux de Leila, qui ne semble pas vraiment s’intéresser à lui. Piégé par un camarade, il se fait coller par son professeur. Mais cette colle va devenir un cauchemar quand, pour une raison qu’il ignore, il se retrouvera dans une boucle spatio-temporelle l’amenant à revivre indéfiniment ces deux heures de cours forcé…

L’an dernier sortait sur les écrans l’adaptation BD de "Tamara", cette fille un peu forte qui séduisait le beau gosse de l’école. Un film adolescent euphorisant qui faisait d’Alexandre Castagnetti un réalisateur à suivre. Moins d’un an plus tard, son nouveau projet a déjà trouvé le chemin des salles obscures. Avec "La Colle", Castagnetti reste dans le milieu des jeunes en posant sa caméra dans une classe de lycée aux heures de colle qui vont tourner au «Jour sans fin »… Benjamin a, en effet, fait un vœu sur Akinator, un site Internet de jeu : celui d’être toujours avec Leila ; et c’est ainsi que le miracle se produit quand il se retrouve collé le samedi après-midi avec la jeune fille et qu’il ne peut plus la lâcher moins de trois minutes sous peine de recommencer, à chaque fois, son heure de colle… On notera l’amusant lien entre les heures de colle et l’obligation de Benjamin de coller sa dulcinée !

Malheureusement, le miracle de "Tamara" ne se répètera pas avec ce nouveau film… Nous sommes loin de la très bonne comédie issue de la bande dessinée éponyme. Cette BD que l’on retrouve d’ailleurs dans une scène au début du film comme un clin d’œil à ce précédent succès mais peut-être aussi comme un gris-gris qui devait porter chance au réalisateur. Sauf que son vœu de faire aussi bien voire mieux que "Tamara" ne se produira pas ! Exit la fraîcheur des dialogues, l’énergie des scènes, l’humour généreux et l’alchimie parfaite entre les personnages. Dans cette "Colle", l’inspiration est aux abonnés absents, le scénario tournant principalement autour d’une amourette entre deux élèves, dont l’issue ne fait aucun doute dès les premières minutes du film. L’histoire ne trouve une vraie grâce que lorsqu’elle creuse le caractère des personnages secondaires, ce qui n’intervient qu’aux trois quarts du film… d’où la sensation de se tourner les pouces entre de nombreux passages creux, bavards ou, bien entendu, répétitifs !

Toutefois, la bande de jeunes insuffle par moments une jolie énergie, à défaut d’incarner des personnages totalement intéressants et dénués de clichés lourdingues. Arthur Mazet représente parfaitement le bon élève discret et irréprochable (qui se retrouve tout de même en colle pour des raisons tirées les cheveux), avec ce peu de charisme qui justifie ainsi la morale de l’histoire : toi aussi tu peux être banal, sans caractère affirmé et en même temps faire partie d’une bande de d’jeuns exubérants qui ne te ressemblent a priori pas ; il suffit de croire en toi et en tes talents cachés qu’il faut par ailleurs assumer même s’il s’agit de danse classique et que tu es un mec de banlieue. À côté d’Arthur Mazet, la belle Karidja Touré ("Bande de filles") continue de traîner ses jolis yeux en amande dans le cinéma français. On lui souhaite, tout de même, des rôles plus consistants pour exprimer tout son talent. Thomas VDB, humoriste à la télé et à la radio, et Noémie Chicheportiche, qui débute cette année au cinéma (aussi dans "La Règle du jeu"), sortent leur épingle du jeu grâce à leur interprétation remarquable. Le reste de la bande amuse mais, à l’image du film qui décrit les heures de colle comme des heures interminables, on est souvent tenté de regarder sa montre. Cette comédie gentillette est loin d’égaler son aînée "Un jour sans fin", à laquelle on pense inévitablement.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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