COLETTE
Une grande femme pour un tout petit film
À la fin du 19e siècle, Gabrielle Sidonie Colette a beau être encore une jeune femme, elle a déjà des opinions très marquées, souvent en désaccord avec son époque, ce qui lui vaut d’être regardée de travers pour son esprit rebelle. Et ce n’est pas son mariage avec Henry Gauthier-Villars, dit Willy, qui va calmer son tempérament. Si dans un premier temps, elle accepte d’écrire les romans de son époux, le succès de ces ouvrages va lui donner la légitime envie d’une reconnaissance publique…
On le sait, Keira Knightley adore les films en costumes. Ayant déjà eu l’occasion de se plonger à maintes reprises dans des fresques historiques ou littéraires, la retrouver sous les traits d’une des figures de la littérature française du XXe siècle semble ainsi presque logique. À condition d’accepter l’idée de voir l’une nos plus importantes romancières s’exprimer dans la langue de Shakespeare. Pour son biopic, Wash Westmoreland ("Still Alice") a choisi de se focaliser sur la jeunesse de l’écrivaine, une quinzaine d’années révélatrices de son esprit profondément libre. Rebelle dans une société patriarcale, Gabrielle Sidonie Colette n’acceptera jamais de se faire enfermer dans des cases, balayant la bien-pensance et les idées reçues. Des champs de sa campagne natale aux salons parisiens, le réalisateur dresse un portrait hagiographique de celle à qui l’on doit notamment la fameuse saga des "Claudine".
Plus que les écrits, le métrage va se focaliser sur le comportement de sa protagoniste, l’érigeant en une femme brillante, émancipée de toutes les conventions qui pourraient la restreindre dans son art et dans sa vie privée. Si l’hommage est vibrant et possède le mérite de remettre sur le devant de la scène un visage majeur des années 1900, l’académisme et le classicisme qui enrobent cette reconstitution la rendent presque insignifiante. Évidemment, Keira Knightley est parfaite dans le rôle-titre, et permet de faire ressurgir durant de brèves séquences l’âme non-conformiste de l’auteure, mais le résultat final est loin d’épouser une forme rendant justice à la personnalité de son sujet. Tout apparaît comme trop beau, trop poli et désespérément superficiel. Précisément les défauts que certains invoquaient pour décrire l’œuvre de Colette. Peut-être faut-il y voir une sorte d’accomplissement…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur