CŒURS ENNEMIS
Un drame vibrant et charnel qui séduit plus par son sous-texte politique que par son trio sentimental
Bien que la guerre soit terminée, Lewis, officier anglais, est resté à Hambourg pour encadrer la reconstruction de la ville. Après des mois de séparation, son épouse Rachel le rejoint enfin. Mais les retrouvailles ne seront pas celles attendues, le couple devant cohabiter avec les propriétaires de leur maison : un architecte allemand et sa fille…
Dans "Mémoires de Jeunesse", James Kent s’était intéressé aux conséquences de la Première Guerre Mondiale sur une jeune femme anglaise. Dans "Cœurs Ennemis", le réalisateur s’intéresse… Aux conséquences de la Seconde Guerre Mondiale sur une jeune femme anglaise. Cependant, à l’exception d’une fascination pour les périodes sombres de notre Histoire, il ne faut voir aucun lien de parenté entre les deux œuvres. Car dans cette nouvelle réalisation, nous sommes plus précisément juste après ces évènements tragiques. Alors que la ville d’Hambourg est encore en ruines, certains officiers britanniques sont désignés pour rester sur place et participer à la reconstruction. Cette période d’occupation grandement méconnue et peu montrée au cinéma est la toile de fond qui servira au cinéaste pour esquisser les contours d’un triangle amoureux passionnel.
Après avoir été séparée de son mari durant de nombreux mois, Rachel obtient enfin l’autorisation de le rejoindre en Allemagne. Mais alors qu’elle rêvait de retrouvailles romantiques, celle-ci se voit forcée par la gentillesse de celui-ci à cohabiter avec un architecte allemand et sa famille dans une luxueuse demeure. Comment accepter de vivre sous le même toit qu’un ennemi, qu’un homme qui, quelques mois auparavant, essayait probablement d’exterminer tout individu s’opposant à la doctrine nazie ? Et c’est précisément là que le film excelle, dans sa manière si délicate, et pourtant frontale, d’exposer le pardon impossible.
Grâce à une reconstitution brillante, "Cœurs ennemis" s’avère être une fresque fascinante lorsqu’elle se focalise sur cette haine prégnante entre deux peuples que les tranchées ont opposés durant trop longtemps. Et ce n’est pas un armistice qui viendra enterrer ces sentiments renforcés au fur et à mesure que les décès des proches s’accumulaient. Si l’intrigue romantique autour d’un amour interdit se couvre d’une forme bien plus classique, le métrage séduit par son élégance et sa sensibilité. Évidemment, en grande spécialiste des films en costumes, Keira Knightley brille une énième fois, tout comme le casting masculin. Mais plus que la performance des comédiens ou le romantisme presque anecdotique, c’est cette force à exposer les secrets inavouables et les douleurs du passé qui reste en tête. Par une sobriété louable, ce drame raffiné devient même poignant lorsque les masques tombent.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
k\\\'sunshine
mercredi 10 juillet - 6h17
Etonnee que le film soit si mal noté
il faut saluer d'avoir montré de cette fin de guerre du coté des vaincus et des occupants "installés" chez les premiers. la romance assez prévisible aurait eu plus poids avec un peu moins de mièvrerie ... mais les acteurs très brillants font oublier les longueurs