CLOUD

Un film de Kiyoshi Kurosawa

Un thriller original, mais au dénouement poussif

À côté de son travail dans une blanchisserie, Ryosuke vit de le revente d’objets qu’il a acheté sur internet ou en gros, flairant les coups les plus rentables, tout comme l’un de ses amis. Peu intéressé par la proposition de son boss de passer manager, il décide de ne pas investir non plus avec son pote dans un site d’enchères en ligne, mais de démissionner et de monter sa propre entreprise, en s’installant dans une maison à l’écart, dans laquelle il convie sa petite amie Akiko à s’installer. Mais a force de la jouer perso, Ryosuke va se faire un certain nombre d’ennemis…

Habitue des films fantastiques et d’horreur ("Charisma", "Kaïro"), le japonais Kiyoshi Kurosawa a aussi signé quelques thrillers particulièrement noirs et efficaces ("Creepy"). Passé par les séances de minuit du Festival de Venise 2024 et futur candidat du Japon à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, "Cloud" entre dans la deuxième catégorie, tout au moins jusqu’aux deux tiers du film, où se produit un réel basculement. La première partie est un modèle de suspense, jouant sur l’omniprésence du patron rancunier, sur la pression mise par des clients mécontents sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les accusations de faux par une police qui ne le lâchera plus.

Malheureusement la seconde partie, une fois le danger prenant corps, est du coup naturellement moins dans la suggestion, et perd un peu en tension, au profit d’un ton comique lié à l’amateurisme des poursuivant. En cela, elle apparaît comme plus convenue, réservant moins de surprises, même si les rebondissements ne manquent pas. On reste cependant un peu circonspect face au rôle de l’assistant de Ryosuke, à la fidélité déroutante et aux moyens aussi surprenants que son niveau de sang froid. Choisissant alors la voie du thriller réaliste, plutôt que celle du fantastique (on se demande au début quelle est la nature du don du personnage principal), le scénario de "Cloud" nous tient en tous cas en haleine, n’hésitant pas à pousser le curseur sur les motivations de plusieurs personnages secondaires (le patron, un revendeur, la petite amie, l’assistant...) pour mieux multiplier les points d’attention du spectateur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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