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CLOSET MONSTER

Un film de Stephen Dunn

La difficulté de se construire

Oscar, enfant, est témoin d’une agression à caractère homophobe, meurtre à caractère homophobe dans le cimetière de la petite bourgade où il vit. Plus tard, il doit faire face au départ de sa mère, qu’il vit comme un abandon, le laisse face à un père avec lequel la relation sera de plus en plus tendue. Adolescent, il partage son temps entre un petit boulot dans une quincaillerie et les photos de maquillage qu’il crée avec son amie Gemma…

Film dans lequel l’homosexualité semble être chose commune et non questionnée par ceux qui l’entourent, "Closet Monster" est un séduisant film canadien sur le passage à l’âge adulte. Son scénario étonne par son point de vue sur une histoire dont les enjeux se situent du coup à la fois sur l’acceptation par le héros de sa propre sexualité, et sur le pardon dont il peut faire preuve vis à vis de ses parents. En mettant sur son chemin une copine pleine de tendresse et un jeune collègue de travail aussi beau que libre dans sa tête, le film traite à la fois du traumatisme (en lorgnant dans quelques passages vers le fantastique) et des choix que l’on doit un jour faire (professionnels comme personnels).

Mais l’originalité du long métrage, est de traiter de choses très noires sur un ton en réalité plutôt léger. Il se permet ainsi d’aborder les blessures du passé et les peurs du présent, au travers du portrait attachant d’un jeune homme qui a pour principal confident son hamster que lui seul peut entendre parler. Les dialogues avec la petite bête, lien évident avec son enfance, sont parfois assez croustillants, comme certains moments dans lesquels le jeune homme se trouve doucement déstabilisé (interpellation par la vitre de la voiture, la scène du lit avec son pote...).

Rassurant, "Closet Monster" affiche une belle humanité dans la manière dont Oscar est traité par les autres, dédramatisant chaque enjeu crucial : le lien avec la mère, l’amitié risquée avec la copine, la découverte de son homosexualité par le père, le maintien ou non dans son travail… Un joli petit film canadien, aussi drôle que touchant, qui emprunte des chemins peu balisés, y compris en terme de mise en scène, usant au passage de quelques chansons appropriées.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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