CLÉO, MELVIL ET MOI
Une tendre parenthèse dans un monde à l'arrêt
Le 15 mars 2020, Arnaud est avec ses enfants, Cléo et Melvil, au jardin du Luxembourg. Avec d’autres pères, ils discutent de comment chacun va s’organiser pour le confinement. Comme Arnaud est séparé de la mère de ses enfants, il pourra encore faire garde partagée dans son petit appartement de Saint-Germain-des-Prés…
Lorsque le confinement commence, Arnaud Viard conclut un cycle. À présent, il ne vit plus avec la mère de ses enfants et son dernier film est sorti in extremis avant la fermeture des salles. Seul dans un quartier abandonné par des habitants réfugiés dans leurs résidences secondaires, le réalisateur profite de ce désœuvrement imposé, pour filmer un Saint-Germain-des-Prés désert. Dans son petit 2 pièces, il installe deux caméras et filme ses deux jeunes enfants dans ce quotidien singulier.
Ces scènes bien réelles vont servir de trame à une histoire de confinement étonnamment légère comme une bouffée d'air frais. Certes, les conséquences de la pandémie et de l'enfermement sont minimes quand on vit dans un milieu ultra-privilégié et que la seule contrainte est de ne pas trouver de gel hydro alcoolique. Le personnage principal a beau passer quelques appels polis à des connaissances fortunées pour leur emprunter de l'argent, on a du mal à s'émouvoir de sa condition précaire.
Heureusement, le film ne s'arrête pas là et profite des moments où l'homme est seul pour conter une belle histoire d'amour naissante. Telle une parenthèse enchantée, les amoureux vont profiter de ce temps suspendu pour vivre une passion dépourvue d'artifice où seul l'imaginaire est permis pour se séduire. En parallèle, l'homme écrit sur son enfance. Ses souvenirs heureux sont couchés sur le clavier comme ils arrivent, dans un style épuré et bien écrit.
À quelques exceptions près, ces réminiscences sont lues en voix-off et malgré le dépouillement scénique, ces petites bribes de vie représentent les moments les plus touchants du film. Ils incarnent tout l'attachement que l'on éprouve pour Arnaud, dont la voix douce et la tendre mélancolie éclipsent les scènes avec les enfants, qui, il faut bien l'avouer, sont un peu rébarbatives.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur