CHURCHILL
Du cigare, de l’Histoire et Churchill
C’est une guerre de bureaucrates qui s’ouvre sur nos yeux entre les généraux américains Eisenhower et Montgomery et Winston Churchill, car ce vieux lion ne souhaite pas être à nouveau confronté aux fantômes qui le hantent depuis la Première Guerre mondiale (symbolisés par la fumée récurrente de son cigare). Un Churchill marqué nous est présenté dans le long-métrage de Jonathan Teplitzky. En effet, ce dernier s’impute le massacre de centaines de milliers de soldats de l’Empire britannique lors du débarquement à Gallipoli. En ce sens, Churchill s’oppose au débarquement tel qu’il a été réalisé car il lui rappelle son échec. C’est dès lors toute la mécanique de Churchill qui s’enclenche pour trouver une parade afin de minimiser au maximum les pertes humaines lors du débarquement en Normandie.
C’est l’histoire d’une bascule, celle d’un homme d’État qui comprend qu’il n’est pas militaire et dont la place est à l’arrière des combats dont la mission est de maintenir l’espoir d’une nation en la victoire face aux Nazis. Mais c’est bien l’acceptation d’une telle tâche qui s’avère difficile pour Winston Churchill. Sa relation avec sa femme et la place qu’elle tient auprès de lui sont assez intéressantes et donnent tout son sens à l’adage de Legouvé : « Derrière chaque grand homme, se cache une femme ».
Côté casting, Brian Cox campe un Winston Churchill convaincant. Tout comme Miranda Richardson dans le rôle de sa femme. Le reste du casting fait honorablement le travail.
Pour ce qui est de la mise en scène, c’est là où le bât blesse. Elle est plate, peu inventive, peu rythmée, comme calée sur un rythme de sénateur, ne rendant que très peu service au personnage emblématique qu’est Winston Churchill. Mais en même temps se pose cette question : traiter ce personnage historique sur cet épisode de 48 heures était-ce la bonne façon de l’aborder cinématographiquement ? Un balayage de sa vie aurait été peut-être plus intéressant et dynamique.
Au final, un regard quelque peu intéressant sur un épisode de l’Histoire et sur un grand homme du XXème siècle. Néanmoins l’emballage est trop classique et didactique pour nous entraîner (un documentaire sur le même sujet peut nous en apprendre beaucoup plus en autant de temps et avec plus de rythme) et ce malgré un Churchill convaincant, sorte de colosse au cœur tendre, homme d’État aux fêlures importantes.
Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur