Festival Que du feu 2024 encart

CHRIS THE SWISS

Un film de Anja Kofmel

Une troublante enquête sur la disparition d'un journaliste

En janvier 1992, Chris, un jeune journaliste suisse parti couvrir le conflit yougoslave, est retrouvé assassiné. Anja Kofmel, sa cousine, se souvient de cette funeste nouvelle. Adulte, elle décide d’enquêter sur cette disparition, découvrant peu à peu la réelle implication de Chris...

L’une des surprises du dernier Festival de Cannes avait été la sélection, la même année, de deux films d'animation traitant, sous une forme mêlant documentaire et animation, de l'implication sur le terrain d'un reporter de guerre. Hors compétition, "Another Day of Life" s'intéressait aux rouages du conflit en Angola et montrait la relation de proximité entre un journaliste et les protagonistes du conflit, questionnant au passage son rôle dans un des moments clés du conflit. Sélectionné lui à la Semaine de critique, "Chris the Swiss" suit le travail de sa réalisatrice, cousine du protagoniste, visant à comprendre la disparition de celui-ci lors de la guerre civile en Yougoslavie.

S'intéressant également, à un moment donné, à la façon dont le reporter a pu choisir de prendre lui-même part au conflit, en modifiant éventuellement le cours, le film montre à la fois des images d’archives (la photo du cadavre lors de l’autopsie, les carnets du reporter…), la réalisatrice en train de dessiner, et une reconstitution minutieuse de certains événements, dans un noir et blanc soigné. Usant d’un dessin au feutre noir enrichi de textures à l'aquarelle, "Chris the Swiss" illustre les lieux d'exécution d'un jeune journaliste trop bavard, tentant d'écrire un livre sur le conflit Yougoslave, auquel des figures fugitives représentant la mort, semblent coller aux basques.

Se voulant pédagogique, le film décrit à la fois les conséquences de l’effondrement du bloc soviétique, l'histoire de la région (avec force cartes animées et photos), les techniques de transformation des soldats les plus faibles en bouchers, tout en abordant aussi de manière frontale le rôle des soldats dans les massacres et l'implication de puissances religieuses dans le conflit. Assez sévère de ce côté-là, le film n’hésite pas à mettre en cause l’Opus Dei et à exposer des positions très claires (« quand les gens sont affaiblis, la religion prend de l’importance ») quant aux manipulations autour du conflit. Un film en forme d'enquête, aussi rude que passionnant, où la réalisatrice reste omniprésente à travers la voix-off et son image de petite fille qui vient parfois entrer en résonance avec le destin de son cousin, dont l’écharpe se perd joliment sur la fin, dans les champs et les étendues glacées.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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