CHIEN DE GARDE
L’ombre de la violence
Pour son premier long métrage, la réalisatrice québecoise se révèle une efficace directrice d’acteurs, permettant ainsi à Jean-Simon Leduc (vu dans "Maudite Poutine") et Théodore Pellerin ("Les démons", "Juste la fin du monde"). Le premier parvient à faire passer un mélange de charme insouciant et de tourment face à une situation sans issue, alors que le second donne des sueurs froides dans un rôle de garçon instable, oscillant entre attitudes d’enfant attardé et accès de violence révélant des aspects sociopathes. Faussement naïf, bruyant et provocateur, ce personnage de jeune homme agité insuffle ce qu’il faut d’inquiétude à un récit somme toute déjà balisé.
Si le scénario se concentre avant tout sur la capacité à être violent de manière réfléchie ou à s’extirper d’un milieu social particulier, il réussit à donner chair à des personnages avant tout humains, chacun se laissant ponctuellement submerger par ses propres enjeux. Quant à Sophie Dupuis, si elle dénoue un trop facilement le sac de nœud qu’elle a construit, ses plans serrés lorsque la violence est envisagée, ou ses choix d’effets musicaux (la tension des premières scènes, l’amour au petit matin…) s’avèrent pertinents. Des débuts prometteurs avec un film entre thriller et social, à l’ambiance vénéneuse parfaitement réussie, qui sera dans la course pour le meilleur film étranger aux prochains Oscars.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur