LE CHEMIN
Un chemin qui ne nous conduit pas tout à fait là où on le voudrait
Camille, une jeune française, a rejoint une mission catholique au Cambodge afin d’y prononcer ses vœux. Chaque jour, elle se rend au village pour y soigner une femme blessée à la jambe. Pour se faire, elle emprunte un chemin longeant la rivière et les ruines d’Angkor où elle rencontre Sambath, un guide cambodgien qui, lui aussi, brave les interdits et s’aventure au cœur de cette inquiétante nature…
"Le Chemin" s’ouvre sur un plan dont la récurrence viendra hanter le reste du film, celui d’un banc de poissons s’agitant dans l’eau. Dès les premières minutes, le spectateur est saisi par la puissance de la nature, à la fois inquiétante et fascinante qui semble posséder une force presque surnaturelle… Jeanne Labrune capture la beauté des paysages cambodgiens et offre à la photographie un soin indéniable.
Ce film de peu de mots est une parenthèse allégorique questionnant une multitude de sujets : la foi, la vie, la maladie, la mort, le génocide d’un peuple… En effet, Camille, une jeune femme qui a rejoint une mission catholique au Cambodge avec l’intention d’y prononcer ses vœux, ne semble pas savoir ce qui la pousse à suivre ce chemin interdit mais elle donne l’impression d’y partir en quête de ses propres aspirations. Ce chemin est donc celui d’une errance physique et intellectuelle… Le film flirte d’ailleurs avec le fantastique, laissant une grande place au pouvoir de la nature, mais on regrette que cela ne soit qu’une piste rapidement suggérée parmi tant d’autres…
Le jeu d’Agathe Bonitzer, lui, est plutôt froid et il est donc difficile de s’attacher au personnage de Camille dont on ignore tout (si ce n’est la crise existentielle qu’elle traverse). Randal Douc, qui incarne Sambath, se montre nettement plus convaincant. Ce guide cambodgien emprunte ce chemin pour partir à la pêche. De retour chez lui, il doit affronter la douleur de sa femme Sorya qui se bat en silence contre le cancer. Le lien entre les trois personnages, et notamment Camille et Sorya, est plutôt anecdotique et ne suffit guère à créer une trame scénaristique cohérente. "Le Chemin" sera, pour certains, une promenade philosophique et spirituelle incontournable alors que d’autres se demanderont si Jeanne Labrune ne s’est elle-même pas perdue dans le dédale de son propos…
Lucie GaillardEnvoyer un message au rédacteur