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CHEMIN DE CROIX

Clinique mais saisissante descente aux enfers

Maria, une jeune Allemande, est membre d'une église particulièrement à cheval sur les principes d'une forme de protestantisme. Elle prépare sa confirmation, questionnant un prêtre enthousiaste qui décrit ses ouailles comme des « guerriers du Christ », qui doivent éviter les choses du plaisir, comme les gâteaux...

Le chemin de croix du titre, c'est celui que va vivre Maria, le personnage principal, tout au long des 14 tableaux, qui mettent en parallèle le calvaire vécu par Jésus Christ, jusqu'à son sacrifice, et son propre destin, entre incompréhension des proches, brimades scolaires et perte de repères. Assez systématique, le chapitrage en 14 étapes, permet de montrer l'évolution de ses actions et pensées influencées par les textes religieux ou par les adultes qui l'entourent. Car derrière son ton sarcastique, "Chemin de croix" développe une critique acerbe de la responsabilité parentale et d'une interprétation rigide des préceptes religieux.

Perdue dans les méandres de ses pensées, Maria se coupe peu à peu du monde. Elle se prive du paysage car il est beau. Elle refuse de faire des photos parce qu'il faut mépriser les apparences. Et peu à peu l'exclusion, puis l'incompréhension, guettent. Clinique dans sa construction, le film n'hésite pas à verser dans l'humour plus que cynique (la leçon de catéchisme où un prêtre explique que certains plaisirs peuvent ainsi être sacrifiés, comme la lecture des magazines people ou certaines nourritures, l’étouffement par l'hostie, le désir aveugle de béatification...).

Traitant de l'influence de l'éducation, de l'irresponsabilité des parents et des prêtres, du caractère influençable des adolescents, "Chemin de croix" n'est tendre ni avec la religion, ni avec les communautarismes. Sa conclusion ne s'écarte pas du chemin tracé par un scénario implacablement construit, et d'une effrayante froideur, enfonce le clou tout en jouant d'une macabre ironie.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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