CHELLI
Grand numéro de comédienne pour film mineur
Pour son premier long-métrage, Asaf Korman a décidé de s’inspirer du propre parcours de son actrice principale, en particulier la relation qu’elle entretenait avec sa sœur handicapée. Dans « Chelli », celle qui donne son nom au titre français s’occupe de sa sœur autiste, sa mère ayant jeté l’éponge depuis bien longtemps. Alors que les deux jeunes femmes étaient parfaitement heureuses dans cette vie, l’internement forcé de Gabby va venir rompre l’équilibre familial, et la relation naissante entre Chelli et un beau prof de sport sera loin d’arranger les choses.
Si de belles intentions sont à noter, le film manque cruellement de caractère pour s’emparer véritablement de son sujet. Mollasson et terriblement convenu, ce mélodrame sans grande surprise patine, étouffé par une trame narrative que le réalisateur ne parvient jamais à dompter. Pire, « Chelli » sombre dans le grotesque avec des retournements de situation frôlant le ridicule. Pourtant, il y avait bien quelque chose à tirer de cette relation de dépendance où la dominée n’est pas celle que l’on attend. Car c’est bien la sœur valide qui ne peut se passer de sa moitié, Gabby se retrouvant étouffée par une sœur qui l’aime trop et abandonnée par une mère qui ne l’aime plus.
Malheureusement, ce premier essai cinématographique accumule les défauts qui nous éloignent de l’intrigue. Bien trop superficiel, le film vaut cependant le coup d’œil pour la prestation époustouflante de Dana Ivgy en jeune handicapée. Comme si elle s’était emparée de toute la rage manquant au métrage, elle est troublante d’authenticité, irradiant la pellicule à chacune de ses répliques. Mais même la meilleure actrice du monde ne pourrait transformer un projet moyen en chef d’œuvre…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur