CHARLOTTE A 17 ANS
Les hauts et bas de l'adolescence
Charlotte est une adolescente québécoise râleuse et dynamique. Entourée de ses deux meilleures amies, elle s’adonne à des essayages, parle de garçons et rêve de séduire. Mais son petit ami décide de la plaquer…
"Charlotte a 17 ans" est une histoire de passage à l'âge adulte aussi séduisante que cocasse. Dans un noir et blanc élégant, Sophie Lorain nous livre le portrait d'une adolescente pressée de vivre, coincée entre ses certitudes, son manque de responsabilité et la réalité de la relation aux autres. D'abord déstabilisée par la rupture (le montage haché rend très bien l'instabilité des sentiments de la jeune fille, tout comme le caractère excessif de toutes ses réactions...), Charlotte navigue ensuite entre des pulsions légitimes et la violence du regard des autres. Se rêvant en femme indépendante et libre (elle n'a de cesse d'écouter la Callas chanter Carmen…), elle va se heurter aux limites de la vie en société.
L'effet de bande de potes est ici particulièrement bien rendu, autant que l'invention futile de principes, en réaction face au fonctionnement d'un monde auquel les personnages sont encore étrangers (le pacte d'abstinence, vu comme une solution, devient vite un vrai problème...). Mais c'est surtout le jeu de la jeune Marguerite Bouchard qui retient finalement l'attention. Parfaite autant dans les scènes égocentriques face caméra du début (façon journal intime...) que dans sa confrontation à des garçons indélicats, elle bénéficie de dialogues cousus mains qui incarnent parfaitement cette période de la vie, faite de doute, mais indispensable pour se façonner une identité.
Certaine que « le sexe c'est over-rated », heureuse de coucher librement avec certains, mais inquiète de passer pour une « salope », cliente du « concept de merde » de l’abstinence, ce personnage de jeune fille en fleur, provoque une irrésistible empathie. Comédie portée par un réjouissant cynisme, "Charlotte a 17 ans" nous emporte au final dans un joli tourbillon de vents contraires.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur