CHAOS WALKING
Ce que pensent les hommes...
En l’an 2257, Todd fait partie de ces colons partis sur une autre planète, où les femmes ont disparu. Comme les autres, il est soumis au « bruit », émanation de ses pensées, que les autres peuvent percevoir, et qu’il essaye tant bien que mal de maîtriser, pour une question de survie. Mais un jour, une capsule spatiale s’écrase dans les environs, avec à son bord une femme. Non soumise au « bruit », elle devient bientôt l’objet d’une traque…
Sortie le 21 juillet 2021 sur Amzon Prime Video et en VOD
Partant d’une citation indiquant que si les pensées des hommes étaient à découvert, « sans filtre », ce serait le chaos, le nouveau film de Doug Liman ("La Mémoire dans la Peau", "Edge Of Tomorrow"...) nous plonge bille en tête dans son envahissant concept : donner à voir les pensées des personnages, tantôt comme des effluves accompagnant leurs voix « off », tantôt comme des projections d’images, qu’il s’agisse de souvenirs ou de fantasmes. Si le principe fonctionne lorsque le héros a envie d’embrasser la fille (créant ainsi une vision des plus gênantes), pour générer l’inquiétude autour du personnage du prêcheur (entouré de halos de flammes) ou pour montrer la maîtrise du « bruit » qu’ont certains personnages (les palissades virtuelles qu’est capable d’ériger le « maire » pour piéger ses ennemis...), il s’avère vite rébarbatif, les scénaristes s’étant sentis obligés d’accompagner systématiquement les visions des flots de pensées des personnages, notamment celles du héros.
Le flot est ainsi presque incessant, brouillant le propos, rendant pesantes presque toutes les scènes d’action. Ce monde d’hommes reprenant les codes du Far West reste malheureusement à l’état d’embryon, et la science fiction ne reste qu’une toile de fond mal exploitée (même l’immense décor d'un vaisseau écrasé n’est prétexte qu’à une pale scène d’action autour d’une antenne émettrice abîmée...). Et le spectateur a la désagréable sensation d’avoir raté un épisode, les personnages restant à l’état d’ébauche, même le héros interprété pourtant avec aplomb par Tom Holland ("Spider-Man Homecoming" et ses suites). On en sort clairement avec un goût de trop peu : trop peu de contexte, trop peu de dangers, trop peu d’action, trop peu de péripéties.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur