CHAMPAGNE !
Un film qui sent le bouchon
Une bande de copains parisiens de longue date se réunissent dans le domaine viticole de Romane, productrice de champagne, pour les vacances. Entre secrets et non-dits, le séjour ne sera pas de tout repos, surtout lorsque la très jeune fiancée de l’un d’entre eux débarque à l’improviste…
C’est le genre de film qu’on a vu 100 fois un soir en semaine sur n’importe quelle chaîne de France télévision et qui nous fait vaguement sourire parce qu’on est avachie sur son canapé et qu’on le regarde d’un œil pendant que l’autre est sur Instagram. C’est Le genre de film qui nous fait largement moins rire lorsqu’on le voit sur grand écran sans être déconcentré par autre chose.
"Champagne !" se veut un film sur l’amitié dans la lignée des "Petits mouchoirs" de Guillaume Canet, option visite des beaux terroirs de France en bonus. Soit un film sur des bobos parisiens qui adorent se détester, le tout dans une immense baraque avec piscine au milieu des vignes. Qu’on ne se méprenne cependant pas sur la volonté de Nicolas Vanier d’inscrire son film dans notre société moderne : ici, les viticultrices du domaine sont deux femmes lesbiennes, mariées ensemble de surcroît, et l’un des couples d’amis a même adopté des enfants d’origines africaines (ce qui permet d’ouvrir le champ aux blagues racistes de manière potentiellement légitime).
Il y a des films dont la médiocrité est inoffensive ; et puis il y a ceux qui, sous des allures légères, se trouvent dans une zone grise un peu plus dangereuse. Ce semble être le cas de "Champagne !", qui cherche désespérément à nous faire croire à son ouverture d’esprit, quand la majorité de ses scènes comiques reposent en réalité sur une foule de stéréotypes sexistes. Ainsi, la bien plus jeune fiancée de Patrick (banquier de son état interprété par Stéphane De Groodt) est une idiote au corps de rêve, autant détestée par les hommes qui ne croient en rien à l’histoire d’amour de leur ami, que méprisée par les femmes, qui la juge instantanément sur son apparence physique. Et, en effet, Christine (AKA « Cricri », à prononcer de préférence avec une voix stridente) est aussi naïve qu’elle est jeune et jolie, comme nous le montre de manière très insistante la caméra de Vanier : c’est d’ailleurs le seul personnage que l’on verra complètement nu et dont les fesses seront filmées en très gros plan. Trop difficile pour une femme d’avoir plus d’une facette ou pour un homme d’écrire un personnage féminin un poil plus complexe ?
Le film semble ainsi s’acharner à continuer de colporter l’une des plus grandes légendes jamais inventées par notre bonne vieille société patriarcale : cette fameuse idée qui voudrait que les femmes, jalouses par nature, entreraient naturellement et sournoisement en concurrence entre elles. Quelques clichés de plus, dans le désordre : le personnage lesbien qui couche à droite à gauche et dit « De toute façon, tout le monde est un peu gay », le remariage du père que la fille désapprouve (encore une autre manière de dresser les femmes les unes contre les autres), et, pour s’arrêter là, des personnages qui se cachent derrière un soi-disant second degré pour dire des horreurs avant de râler « Rooo, on peut plus rien dire ! ».
La projection de "Champagne !" nous laisse dans un état finalement un peu semblable à celui de ces personnages après une énième cuite : dégoûtés, se jurant qu’on ne nous y reprendra plus.
Rédactrice également membre du LYF
Amande DionneEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
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COMMENTAIRES
Christine
mardi 12 juillet - 10h16
Ce film mérite d’être dénoncé comme une imposture, puisqu’il a bénéficié de financements publics et qu’il est diffusé dans les salles de cinéma de l’Hexagone ! Aurait il trouvé sa place parmi les fictions indigestes et pleurnichardes programmées en début de soirée sur les chaînes hertziennes (dont le service public, hélas !) ? Même pas ! "Champagne" se contente de réunir des acteurs -pas bons du tout- autour d’un scénario pitoyable (bien que quasi inexistant). Les dialogues ne sont qu’une succession de grossièretés braillardes ponctuées de mimiques et d’œillades stupides et convenues et la plupart du temps incompréhensibles. Comme Zemmour, M Vanier tenté de donner un peu de densité à ses personnages en introduisant quelques citations dont la dernière (la réplique de Perdican) tombe comme un cheveux sur une très mauvaise tambouille, tellement la diction est médiocre et le contexte inapproprié ! Même la musique est très moche.
Bref un film à fuir ! Quand on a besoin de refaire le toit de sa maison ou sa cuisine, on ne s’en prend pas aux compatriotes qui fréquentent les salles obscures. Il conviendrait également de présenter des excuses publiques aux producteurs de Champagne présentés comme des bidochons de bas étage !