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CETTE MUSIQUE NE JOUE POUR PERSONNE

Un film de Samuel Benchetrit

Une comédie douce-amère qui a du charme

Une ville portuaire. Jeff, visiblement un peu déprimé, participe à un cours de poésie, et tabasse un autre participant. Jacky, une hache à la main, pénètre dans le pavillon de Suzanne, qui lui avoue avoir mis son mari au congélo, après l’avoir tué… d’une simple gifle. Jesus et Poussin tentent eux d’organiser une fête pour l’ado Jessica, mais surtout d’obliger des garçons à y participer…

Cette musique ne joue sur personne film movie

Samuel Benchetrit est venu au Festival de Cannes 2021, dans la section nouvellement créée Premières, présenter sa nouvelle comédie policière, treize ans après celle qui avait fait sa renommée (le truculent film noir et blanc "J’ai toujours rêvé d’être un gangster"), et trois ans après l’absurde mais non moins mordant "Chien", avec déjà Vincent Macaigne, film qui en avait dérouté plus d’un. L’humour et les situations absurdes sont toujours au rendez-vous, générant sourires crispés ou francs éclats de rire selon les scènes. Et même si l’intrigue policière de départ (une sombre histoire de détournement d’argent, que des hommes cherchent à récupérer…) s’avère un peu mince et surtout diluée dans la multitudes de sous-intrigues, les liens multiples tissés avec l’expression théâtrale sont l’occasion d’ironiser gentiment sur le métier.

Ainsi les projets farfelus fleurissent (adaptation d’Hamlet sans dialogue, comédie musicale sur Sartre et Beauvoir…), les exercices deviennent soit ridicules soit poétiques (« la plume »…), mais surtout l’égo boursoufflé des acteurs se mêle avec délice aux pulsions amoureuses (voir ce qu’il advient à ceux doivent jouer Sartre… alors que Gustave Kervern voudrait avoir le rôle). Navigant ainsi à nouveau entre comportements ou enjeux mafieux, et élans romantiques ou plus intimes, Benchetrit compose donc avec son compère Gabor Rassov, un scénario qui manque certes un peu d’équilibre, mais retranscrit un peu de la violence de l’époque, affirmant au passage le pouvoir pacificateur de la Femme. En bref une comédie chorale, joliment dialoguée, qui part un peu dans tous les sens, mais dont le charme agit indéniablement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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