C'EST LE BOUQUET
Bavardages un rien artificiels
Si l'intention de Jeanne Labrune était de jouer avec les mots, les expressions et les non-dits, on sent bien à la vision de son film, l'ampleur du travail d'écriture qui préside à l'oeuvre. Mais à vouloir trop en dire, ou redire (à la manière d'une partition musicale certes), le fil rouge même de ces dissertations sur l'époque et l'individu, se perd. Pour peu que le spectateur relâche son attention, et il ne saura plus où ce navire chargé de prétextes se dirige.
Car le film n'est qu'accumulation de ces prétextes, du coup de fil, au bouquet, en passant par d'autres 'protège slip' … Ces éléments perturbateurs ne sont là que pour créer la tension, la situation, l'erreur, qui mènent au langage, aux apparences, et à leurs sens ou aspect parfois trompeurs.
La réflexion sur l'individu et ses masques, sur une société qui exige une représentation de soi quasi-permanente, et sur le racisme, aurait pu être passionnante, si certains dialogues ne tombaient pas comme un cheveux sur la soupe, et n'emmenaient pas les acteurs dans des impasses assez obscures (Kiberlain menace de se suicider à cause de toilettes bouchées…).
Reste un casting impeccable, dans lequel on notera quelques scènes d'anthologie, avec une Dominique Blanc sanguinaire, et un Mathieu Amalric surprenant en jeune loup aux dents longues.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur