CÉLIBATAIRE MODE D’EMPLOI
Une quadruple vision du célibat
On pouvait légitimement s’inquiéter d’une comédie pareille, vantant un soi-disant « mode d’emploi » du célibat comme argument central du scénario. Allait-on avoir une énième rom-com à deux dollars, faisant mine de se la jouer gentiment trash dans un premier temps avant de nous balancer à nouveau la traditionnelle morale de cul-bénit sur le célibat (vu comme un poison) et le bonheur (qui ne se définit pas autrement qu’à deux) ? Fort heureusement, ce n’est pas le cas. Par ailleurs, le résultat n’est pas non plus ce que l’on pourrait appeler un girl-movie trash, surtout depuis que "Mes meilleures amies" est passé par là. Et enfin, du côté du scénario, on ne peut décemment pas parler d’un « mode d’emploi » destiné à donner aux spectatrices les mille et une façons de vivre le célibat de façon épanouie.
La seule et unique fonction de cette petite comédie de mœurs sympathique est de laisser une totale liberté d’action et de parole à ses quatre actrices, représentant chacune un contre-pied à l’image de la célibataire pleurnicheuse. Qu’elles soient épanouies dans la solitude ou désireuses de la contrer, le rôle de chacune est ici suffisamment creusé et étoffé pour que le cliché qu’elle incarne puisse ne pas être trop collant. Pour autant, un cliché tempéré reste quand même un cliché, et ça n’est pas toujours réjouissant. Quand le film s’attarde sur l’ingénue indépendante (Dakota Johnson) ou l’obsessionnelle des rencontres sur Internet (Alison Brie), il nous offre de loin ses meilleurs moments. Mais quand il ressent le besoin de faire preuve de vulgarité pour caractériser la seule grande gueule du casting (jouée par la prodigieusement irritante Rebel Wilson) ou d’imiter mal la tonalité douce-amère de Judd Apatow pour évoquer le trouble intérieur d’une ménopausée (Leslie Mann, forcément !), il se remet soudain à dégringoler.
Ce qui sauve malgré tout le film, outre l’attachement suscité par ses actrices (Dakota Johnson en tête), vient de son romantisme tourmenté et instable, qui casse au minimum les attentes d’un récit plus ou moins convenu dans des scènes plutôt bien dialoguées. La mise en scène de Christian Ditter, quant à elle, est suffisamment sensible et maîtrisée pour que l’on se laisse prendre par l’humour et la douceur des meilleurs moments du film. Et même si le réalisateur ne peut pas s’empêcher de caser sa morale en voix off juste avant le générique de fin, le bilan reste plutôt positif pour une rom-com sur laquelle on ne misait que deux dollars.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur