CASANOVA VARIATIONS
Voyage dans la vie de Casanovich
Un soir de représentation au théâtre de Lisbonne, où se joue un opéra sur la vie de Casanova. Le rôle principal est interprété par John Malkovich. Au fur et à mesure de la soirée, le récit nous emmène en 1798 à Dux, où Don Giacomo vit ses derniers instants…
« Casanova Variations » se veut un film aux multiples facettes. Michael Sturminger, après trois ans d'écriture, propose ici une production voulant se rapprocher de ce que l'on appelle l'art total, cette volonté de mêler les différents arts pour créer une œuvre complète et plurielle. On retrouve alors de l'opéra, du théâtre, de la danse, de la photo (par la prise constante de clichés par les spectateurs avec leurs téléphones portables), de la littérature et bien sûr du cinéma avec la caméra du réalisateur qui vient faire le lien entre toutes ces pratiques. Autant dire que nous sommes devant un OVNI qui peut paraître dur à suivre au début, mais qui nous fascine petit à petit. La base reste tout de même cette représentation théâtrale à Lisbonne dans laquelle John Malkovich, jouant son propre rôle, interprète Casanova. C'est donc de cette scène que partent tous les fantasmes et les différentes visions des frasques de Don Giacomo.
Le film se base, comme beaucoup, sur les mémoires du charmeur vénitien, « L'histoire de ma vie ». On retrouve alors Casanova au château de Dux, en Bohème, dans lequel il exerce le métier de bibliothécaire pour un riche duc. Il arrive au crépuscule de sa vie et finit son autobiographie. Il fait alors la rencontre d'Elisa von der Recke, intéressée par la publication de son livre mémoriel. Commence alors un échange entre les deux protagonistes mêlant conflits et souvenirs partagés. Mais là où on se détache du biopic pur c'est lorsque, tout au long du film, Michael Sturminger ne cesse de casser la diégèse, de nous sortir du récit en nous montrant les mécanismes de mise en scène. On voit alors des cadreurs passés dans le champ, on perçoit les coulisses avec la chef de plateau lançant ses ordres ou encore on est témoin d'un échange entre John Malkovich et une de ses fans sur son rôle dans « Liaisons Dangereuses » et ses penchants sexuels. D'ailleurs le parallèle entre les deux hommes vient nourrir le film d'instants comiques jouant sur la réputation d'homme à femmes de Casanova et de son alter-ego Malkovich qui n'en est pas à son coup d'essai dans l'interprétation de son propre rôle. Il a déjà prouvé qu'il ne manque pas d'humour sur lui-même et on retrouve une fois de plus ici ce côté de sa personnalité.
Le spectateur est d'ailleurs pleinement impliqué dans le film. Toutes les questions et les réticences que l'on peut avoir devant la complexité du récit sont exprimées directement dans « Casanova Variations » par le biais de l'amie productrice de John Malkovich qui lui dit clairement qu'elle ne comprend rien et que son spectacle ne vaut rien (pour parler poliment). Mais bien que l'on puisse se perdre au début dans la multiplication de représentations, on arrive petit à petit à trouver un rythme et à mieux comprendre les rouages du film. La part d'imaginaire et la part de théâtre filmé sont au final bien distinctes et nous apportent une vision originale et fraîche de la fin de vie de Casanova et de certaines facettes de John Malkovich qui se fondent au fur et à mesure de la narration en une seule et même personne.
Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur