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CASA EN LLAMAS

Un film de Dani de la Orden

La détresse d’une mère

Montse se fait récupérer en voiture par son fils David et sa nouvelle petite amie Marta, afin d’aller ensemble dans la maison familiale de Cadaques. Désireuse de passer chez la grand mère, avant de partir, elle découvre celle-ci étendue dans le salon, sans vie. Appelant les secours, elle se ravise finalement et décide de ne pas gâcher le week-end en famille qui s’annonce, d’autant qu’elle devait en profiter pour vendre la maison afin de payer la mise en EHPAD de la grand mère…

Autant le dire d’emblée, "Casa en Llamas" (la maison en feu) est un drame véritable, qui trouve au fil du récit de moins en moins de respirations. Grâce à un casting qui ne démérite pas, on parvient à croire à la désunion de cette famille, au fils artiste trentenaire immature (David, incarné par Enric Auquer) doué pour faire échouer chaque nouvelle relation, à la fille (Julia, jouée par Maria Rodríguez Soto) persuadée d’être une mauvaise mère, dont l’amant italien travaille dans un resto du coin, en passant par un père égoïste et lâche (Carlos, interprété par Alberto San Juan) un peu escroc sur les bords, sa nouvelle compagne psychologue (Blanca, jouée par la remarquable Clara Segura) et surtout une mère qui ne se pose pas seulement en observatrice (Montse, incarnée par Emma Vilarasau). Son seul regard à elle, embué lorsqu’il s’agit de souvenirs qui refont surface ou de nouveaux moments qui la touchent, vaut le détour.

Et les pièces rapportées ne sont pas en reste, avec également deux rôles importants pour Macarena García (Marta, la petite amie dépassée par l’affection de David) ou José Pérez-Ocaña (qui joue Toni, le mari de Julia, à mille lieux de comprendre ce qui se joue ici). Pourtant le long métrage n’est pas exempt de défauts. Alternant dîners, sorties (en bateau, à la plage, près de la piscine…) ou déjeuners qui sont usuellement des moments de tensions, de règlements de comptes ou au contraire d’accalmie, et durant lesquels les dialogues fusent avec naturel, il se retrouve par moments plombé par quelques scènes trop porteuses de sens : à la plage, lors du saut en parachute, et même en conclusion. La persistance de quelques non-dits aurait sans doute été préférable pour qu’on adhère totalement à ce récit intime, sans doute chargé de choses très personnelles, signé Dani de la Orden ("Jusqu’à ce que le mariage nous sépare") qui raconte en filigrane la solitude d’une mère et sa profonde détresse affective, malgré la façade.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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