CARTES POSTALES DE LENINGRAD
Récit mal timbré
Malgré un démarrage sur les chapeaux de roue, où le voix off pétillante de la narratrice (Marcela) vient titiller agréablement le spectateur, le film déçoit très vite. La mise en scène, bien que rythmée et inventive, s’essouffle face aux incohérences du scénario et, surtout, au déséquilibre de la narration. Notamment, on se demande pourquoi le récit bifurque immédiatement sur le quotidien de Teo, cousin de Marcela, et que celle-ci n’apparaît que très tard à l’image, laissant le spectateur perplexe pendant une bonne moitié du film. De plus, en voulant construire son film comme un puzzle que de nombreuses digressions chronologiques viennent tour à tour déstructurer puis recomposer, la réalisatrice se prend les pieds dans son propre récit. Trop de flash-backs tuent le flash-back, surtout lorsqu’ils ne reposent pas sur une mécanique narrative solide.
Un peu paumé, le spectateur se laissera tout de même distraire par quelques bonnes trouvailles visuelles, et appréciera la façon dont est traduit le regard enfantin de la narratrice. Il n’y a rien d’innovant, mais quelques références à un cinéma déjanté permettent de donner du rythme au film. Ainsi, la scène du hold-up dans un supermarché, filmée à la façon d’un Tarantino, fait office de récréation. Certains choix musicaux, par ailleurs, rehaussent efficacement certaines baisses d’intensité du film. Or il faut bien avouer que ce genre de digression n’apporte strictement rien au récit, et qu’il contribue même parfois à creuser davantage notre abîme de perplexité. La preuve qu’une forme soignée ne peuvent masquer à ce point-là des problèmes d’écriture et de montage.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur