CARLA ET MOI

Un film de Nathan Silver

Une petite musique entre comédie et drame

Benjamin, homme juif veuf, chanteur de synagogue, est en pleine crise existentielle depuis la mort de sa femme. Incapable de chanter, il s’enfuit en pleine prière le jour de shabbat. S’allongeant sur la route, un camion s’arrête et le dépose devant un bar. Là, alors qu’il est persuadé que tout le monde se moque de lui et qu’une bagarre s’enclenche, il est aidé par une vieille dame totalement bourrée. C’est alors qu’il se rend compte que celle-ci, prénommée Carla, n’est autre que son ancienne professeure de musique…

Passé par le Festival de Sundance et la section Panorama du dernier Festival de Berlin, "Carla et Moi" a donc vu son titre recentré sur la relation à part qui va naître entre Benjamin, veuf et chanteur de synagogue, et Carla, professeure de musique à la retraite. Le choix est assez judicieux, puisque c'est sur la complicité naissante entre ces deux êtres paumés chacun à leur façon, que va se concentrer Nathan Silver, réalisateur du délicat "Uncertain Terms" et de "C'est qui cette fille" ("Thirst Street"). Son titre original, "Between the Temples" ("Entre les lieux de culte"), en disait cependant un peu plus sur la crise que traverse son personnage principal, intrigué par la religion d’en face au point de rentrer dans une église, et rencontrant également par hasard une femme protestante.

Globalement, le film séduit par son ton désabusé et cynique, tournant toujours les interrogations de chacun vers la comédie. Si Jason Schwartzman est déjà habitué de ce type de rôles décalés (voir "J'adore Huckabees", mais aussi "À bord du Darjeeling Limited" ou le récent "Asteroid City" de Wes Anderson), on retrouve surtout ici avec un immense, celle qui jouait Lillian, la voisine, dans la série Netflix "Unbreakable Kimmy Schmidt", Carol Kane, aujourd'hui 72 ans. Celle-ci lui vole clairement la vedette, en incarnant cette femme portée sur l'alcool, au langage plutôt cru, et bien décidée à passer sa bat-mitsvah (communion juive, pendant de la bar-mitsvah pour une femme) en un temps record. En résulte un cocktail assez détonnant d'humour pince sans rire et de tendresse face à un monde qui vous bouscule, au sein d’une histoire qui interroge intelligemment approche de la vie, croyances personnelles et pratiques plus ou moins flexibles de différentes religions.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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