CARAVAGE
Plus proche de la croûte que du chef d’œuvre
Alors qu’il cherche à retourner à Rome suite à un exil forcé, Le Caravage doit affronter un inquisiteur censé enquêter sur ses œuvres jugées subversives et contraires à la morale de l’Église…
Selon ses propres dires, cela faisait cinquante ans que Michele Placido rêvait d’adapter la vie du célèbre peintre sur grand écran. Parfois, les choses ne se réalisent pas pour une bonne raison… Et dire que ce film aurait probablement mieux fait de rester à l’état de chimère est un doux euphémisme. Pourtant, incontestablement, le cinéaste maîtrise parfaitement son sujet, décidant de se focaliser sur la fin de vie du Caravage, lorsqu’après une accusation de meurtre, il dut fuir à Naples, cherchant par tous les moyens à obtenir la grâce de l’Église. Plutôt que de raconter l’homme à travers ses actions, le réalisateur opte pour un récit par procuration, invitant dans l’intrigue un personnage fictif, un inquisiteur joué par Louis Garrel, chargé d’enquêter sur l’œuvre de l’artiste, ses motivations et velléités, et ainsi questionner l’être qu’il était.
Si ce procédé narratif constitue un postulat intéressant, tout le reste du film n’est qu’une lente plongée redondante dans un académisme complaisant et sans âme. Tout le contraire de ce qu’on pouvait imaginer pour dresser le portrait d’un esthète subversif. Avec un esthétisme proche du ridicule dans sa tentative veine de reproduire les iconiques clairs obscurs de leur modèle, et des dialogues ne faisant que surligner ce qui est déjà montré, ce biopic sombre dans tous les écueils du classicisme, rendant un hommage sans aucune audace à un homme qui n’en a jamais manqué. Si vous aimez ou souhaitez découvrir ses différents tableaux, une visite dans un musée sera nettement plus recommandée. Et cela vous évitera de devoir subir une scène avec Isabelle Huppert, dont nous avons encore du mal à nous remettre…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur