CARANDIRU
Une vision carcérale douce amère et une fin de film qui atténue l'effet recherché
Le dernier film d'Hector Babenco est emprunt de tendresse et de douceur dans un univers qui ne s'y prête pas forcément. Avec des acteurs qui se prennent parfaitement au jeu , le réalisateur impose sa vision de l'univers carcéral et de cet épisode tragique des prisons brésiliennes. Car la description des histoires, des rencontres effectuées par le médecin apporte une chaleur bien loin du manichéisme habituel de ce genre de film, ceci même si Babenco filme sans concession les conditions de vie dans cette prison surchargée.
Le quotidien de ces hommes qui recréent dans l'enceinte même de la prison, la vie, la société telle qu'ils l'ont connue avant de basculer dans le crime. Tout est abordé, sans aucune concession, la drogue, le sexe et la prison, l'aliénation mentale et la violence entre prisonniers. Et tout cela emmène le spectateur dans les tréfonds de l'âme humaine, à l'image de l'histoire pathétique de ces deux frères qui se retrouvent en prison et où leurs différences vont les amener au pire.
Mais la plupart du temps c'est une tendresse et un humour doux amer qui prend le pas dans ces petite histoires décrites en flah-back. Le principal problème de ce film concerne sa dernière demi heure, où la mutinerie des prisonniers est résolue de manière très expéditive par les forces spéciales de la police, alors que le réalisateur semble afficher une certaine complaisance dans la description du massacre.
A noter aussi que certains spectateurs pourront être déroutés par l'aspect angélique donné à ces hommes, qui pour la plupart ont commis l'irréparable. Alors en fin de compte, un film, qui vendu sur un massacre, déçoit certainement, mais qui en regard de ses personnages apporte une vision colorée et désabusée d'un monde carcéral souvent reflet des tourments de nos sociétés.
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur