CAPTAIN MARVEL
Bavard et sans grand charme, malgré quelques touches d’humour appréciables
Vers fait partie de la race des Kree, et possède un pouvoir qu’elle du mal à contrôler. Leur leader, dénommé Intelligence Suprême, l’envoie en mission pour tester ses capacités. Elle devra aider à délivrer un de leurs espions des griffes des Skrull, créateurs capables de prendre l’apparence de tous les êtres qu’elles croisent…
"Captain Marvel" est incontestablement la pièce manquante, qui permet de mieux comprendre la fin de l’excellent "Avengers Infinity War" et de faire le lien avec "Avengers Endgame" qui sortira fin avril prochain. Mais le problème est que le film semble être dans sa totalité une sorte de grosse introduction, vouée à expliquer l’identité de cette fameuse Vers, qui en réalité s’appelle Carol. Et les discours sous-jacents sur l’identité ou sur la condition de la femme ne sont pas ici d’une infinie légèreté, quelques souvenirs désordonnés suffisant à replacer la manière dont celle-ci était traitée en tant qu soldat : comme faible, inutile, incapable et surtout soumise à la volonté de l’homme.
Le film assure cependant le spectacle, à la fois dans la mission introductive, permettant de mieux cerner les différences entre les peuples Kree et Scrull, lors de poursuites sur terre (la scène du métro aérien…), ou lors du flash-back expliquant le rêve récurrent de l’héroïne, qui propose quelques plans superbes. Mais le scénario possède en son centre un énorme ventre creux, excessivement bavard, qui aurait tendance à extraire le spectateur de l’histoire. L’émotion est alors cruellement absente, d’autant que le charisme de Brie Larson ("Room") reste ici terriblement limité. Heureusement quelques pointes d’humour viennent nous réveiller, qu’il s’agisse du recul pris sur la capacité des Skrull à se transformer (ce sont des métamorphes), ou de la récurrence du gag sur le gentil chat que les extra-terrestres prennent pour une espèce très très dangereuse.
Côté effets spéciaux "Captain Marvel" s’avère honorable, avec quelques scènes dans l’espace assez saisissantes, tout comme la manifestation des pouvoirs de Vers. Mais ce qui surprend sans doute le plus, l’intrigue se déroulant durant les années 90, c’est le travail de rajeunissement de Nick Fury, agent du Shield, interprété par Samuel L. Jackson. Malheureusement la série de réactions tout à fait anodines des terriens (que rien ne semble trop surprendre) et les crétineries autour de la couleur du costume de l’héroïne (qu’une gamine de 10 ans peut changer à sa guise en tripotant un clavier intégré à son bras…) achèvent de créer le déséquilibre au sein d’un film visiblement purement voué à de l’explicatif. Dommage pour les amateurs de suspense et de psychologie.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur