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THE CAPTAIN – L'USURPATEUR

Un film de Robert Schwentke

Le pouvoir de l'uniforme

Alors que la Seconde guerre mondiale se termine et que la Wehrmacht est en déroute, le chaos règne en Allemagne. L'armée rouge avance inexorablement vers Berlin et les désertions se multiplient du côté allemand. Déserter, c'est d'ailleurs ce que vient de faire Willi Herold. Fuyant la police militaire et essayant de trouver à manger pour survivre, le jeune soldat va finalement trouver le salut grâce à la découverte d'un uniforme de capitaine et grâce à son culot. Deux éléments qui feront de lui le responsable d'une mystérieuse mission spéciale supposément confiée par le Führer lui-même...

C'est un film particulièrement intéressant dont nous gratifie Robert Schwentke. Pour son dixième long-métrage, le réalisateur allemand se penche sur l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de son pays : le IIIe Reich et sa chute. Mais contrairement à "La chute" d'Oliver Hirschbiegel qui se focalisait sur l'élite du parti nazi retranchée dans le Führerbunker, "The Captain" s'intéresse à un fait divers lui permettant de dépeindre la débandade de la Wehrmacht en 1945 ainsi que la chasse qui fut menée par la police militaire pour endiguer la vague de désertions qui en résulta.

En sous-texte, le film questionne sur le rôle et les implications de la hiérarchie et des symboles qui y sont rattachés. Il est particulièrement frappant de voir qu'un simple uniforme peut permettre à un jeune déserteur de devenir, aux yeux des autres, un proche collaborateur du Führer. La puissance des symboles et des mythes communs que nous y rattachons est l'une des plus importantes caractéristiques de notre espèce, et Schwentke parvient à explorer cette thématique de manière intelligente et élégante.

Le film nous montre également le cheminement intellectuel de Willi Herold, qui gagne en assurance à chaque nouvelle rencontre, voyant que son uniforme suffit à convaincre de nombreux soldats de le suivre. Non seulement ce pouvoir donne de plus en plus d'assurance à Willi qui adopte petit à petit l'attitude d'un véritable officier de l'armée du Reich, mais cela va même le pousser à commettre nombre d'exactions sans rencontrer la moindre contestation, témoignant à la fois de la rigueur inflexible de la hiérarchie militaire, mais également des effets que peut avoir le pouvoir sur un jeune homme qui ne s'y était pas préparé.

Même si le film comporte quelques longueurs, son fond est plutôt bien mis en valeur par sa forme. Le noir et blanc crée une certaine distance "temporelle" entre le spectateur et le film, ce qui donne à ce dernier un côté presque documentaire, comme si ce que l'on voyait avait vraiment été filmé en 1945. Par ailleurs, l'utilisation d'objectifs grands angles pendant les scènes orgiaques dépeignant les exactions perpétrées par Herold et sa bande, leur donnent un aspect particulièrement dérangeant par la déformation des perspectives, les mouvements de la caméra ainsi que la proximité avec des personnages devenus monstrueux. Bref, "The Captain" est un film très réussi qui parvient à traiter de la Seconde guerre mondiale de manière plutôt originale, ce qui n'est pas un mince exploit.

Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

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