CAPITAINES !
Dépasser les barrières
Une jeune fille de 9 ans, Noée, s’installe avec sa mère dans l’appartement au-dessus du restaurant où celle-ci travaille. Rapidement surnommée « Moules frites » et fascinée par la voile, elle ne peut s’inscrire à des cours, faute d’argent. Une autre petite fille, Chenghua, est sans cesse appelée par ses parents, qui lui demandent de faire la traductrice pour eux, qui ne parlent pas le Français. Aidée par son ami Sofiane, elle tente de préparer leur exposé de science, où ils comptent présenter une maquette de la station spatiale internationale…
Ce qui unit les deux courts métrages d'animation présentés dans ce recueil intitulé "Capitaines !", est la nécessité pour deux jeunes filles de dépasser des barrières pour s'adonner à leur passion. Chacune va ainsi, dans sa volonté d'implication, prendre à bras le corps son destin pour arriver à faire ce qu'elle veut : participer à une régate de voile d'un côté, réussir un exposé sur l’espace de l’autre. Dans les deux cas, des figures inspiratrices sont mises en avant, une vieille skippeuse prénommée Florence (Arthaud, l’on suppose) acceptant d'aider la première, un certain Thomas Pesquet étant sujet d'admiration de la seconde. D'un côté il s'agira donc, dans une histoire morale, de trouver l'argent qu'une mère précaire ne peut fournir, pour se payer des cours de voile, de l'autre, d'impulser la sortie de ses parents d'une logique de dépendance linguistique, l'héroïne étant issue d'une famille d'immigrés chinois, afin d’avoir du temps à soi.
D’un point de vue graphisme, "Moules-Frites" (2021, 26 mn) est sans doute le plus séduisant des deux courts métrages. Avec ses traits fins de contours et ses aplats de couleurs pour les personnages, et des décors entre peinture à la bombe et aquarelle, il met en avant l'entraide et la persévérance, sans éviter d'aborder des moqueries enfantines qui pourraient virer à l'exclusion. "Les Astres immobiles" (2022, 26 mn) apparaît plus grossier dans ses traits (décors façon crayons de couleurs, sensation de feutres pour les personnages...), mais réussit à toucher par l'isolement culturel de parents qui en demandent finalement trop à leur fille. Quant aux passages rêvés ou imaginés, ils ressemblent quant à eux aux vieilles séries "Il était une fois l'espace...". le film, lui, met en avant la nécessité d'une certaine patience, les différences de facilité d'apprentissage d'une langue entre générations, et permet d'aborder au final avec douceur des questions d'intégration.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur