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LA CALLE DE LA AMARGURA

Un film de Arturo Ripstein

Peinture sociale sans détour

Deux nains lutteurs décident de s'éclater en faisant un plan à quatre avec deux prostituées plutôt âgées. Ils sont retrouvés morts dans la chambre d'hôtel. Les deux prostituées se cachent...

Le réalisateur mexicain Arturo Ripstein, dont le dernier long métrage, « Las razones del corazón », présenté au Festival de San Sebastian en 2011, est toujours inédit en France, dévoilait en 2015 au Festival de Venise une oeuvre sombre en noir et blanc, chronique d'un fait divers lugubre ayant pris place à Mexico en 2009 et impliquant les lutteurs nains Alberto et Alejandro Jiménez.

Reconstituant les faits, il s'attache à décrire sans détour les contextes dans lesquels évoluent les femmes de cette amère rue, qui sont avant tout son sujet de préoccupation. L'une a affaire à un mari travesti, l'autre relègue honteusement sa mère tel un animal maltraité, dans une pièce arrière. L'une se confronte à une vieillesse solitaire, alors que l'autre prend la défense de ses enfants violents. La sublime photographie contraste forcément avec la noirceur des lieux et le contexte sordide qui dicte à chacun un comportement et que Ripstein se contente d'exposer, sans jamais porter de jugement.

En faisant le récit de la pauvreté ambiante, c'est avant tout pour le contexte social et la situation des travailleuses du sexe que le film est intéressant. Introduisant des éléments de superstition, l'auteur concocte ainsi une ambiance à la fois mystérieuse et terrible. Il livre une peinture des bas-fonds d'une ville mexicaine, sans concession, mais dont l'intérêt reste tout de même limité à un exercice de style et à un constat de précarisation. Ceci est certainement dû aux personnages tenus à distance tout au long du film, ce qui empêche la moindre réelle empathie.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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