CAFARD
Une incroyable odyssée, visuelle et humaine
En 1914, fraîchement couronné Champion du monde de lutte à Buenos Aires, le Belge Jean Mordant apprend que sa fille Mimi a été violée par une troupe de soldats allemands dans sa ville d’Ostende. Bien décidé à leur faire payer cette exaction, il rejoint Paris avec son neveu Guido et son entraîneur Victor, afin de s’engager dans ce qu’il reste de l’armée belge…
Grâce à des images de synthèse aux ombrages finement calculés, aux reconstitutions schématiques des lieux et à un choix de couleurs faisant ressortir leur aspect graphique, "Cafard" nous plonge dans l'horreur de la Guerre de 14. Contant l'épopée héroïque du champion de lutte Jean Mordant (auquel Benoît Magimel prête une voix rauque), de son entraîneur et de son neveu vantard et dragueur, le scénario nous permet de suivre un bataillon belge engagé dans une mission quasi suicide, depuis les Flandres jusqu'à Saint-Pétersbourg.
Histoire incroyable de survie et d'esprit combatif, d’une fuite face à la révolution soviétique se transformant en retour via la Mongolie, la Chine et les USA, "Cafard" doit son titre aux véhicules de guerre des plus bancals (des ACM : autos-canons-mitrailleuses) qui équipent le régiment belge. Le graphisme si particulier en images de synthèse, alliant formes anguleuses et utilisation audacieuse des couleurs, sert à merveille le propos, flanqué de gueules cassées et de paysages époustouflants.
Ces choix artistiques peu évidents prouvent leur pertinence lors de scènes magnifiques, comme celle du massacre nocturne, et permettent une représentation minimaliste mais efficace de certains éléments de décors, comme des nuages, dépeints ici comme des coups de pinceaux. Projet d'envergure, "Cafard" s'affirme comme une œuvre majeure de l'animation moderne, entre discours sur la guerre qui vous prend tout (le monde est devenu « désert » comme la vie de son héros) et audace visuelle incontestable.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur